(Agence Ecofin) - Au Burundi, les principaux médias audiovisuels privés n’émettent toujours pas, après avoir été la cible des combats lors de la tentative de coup d’Etat de la semaine dernière. Il y a la Rema, radio pro-gouvernementale. Il y a aussi des médias considérés comme indépendants, notamment la Radio publique africaine (Rpa), la radio Bonesha Fm, la radio Isanganiro ainsi que la radio et la télévision Renaissance.
Non seulement ces chaînes de radio et de télévision ne sont plus en état d’émettre, mais aussi l’environnement ne permet pas aux journalistes de travailler. Même si la présidence de la République assure que les médias peuvent reprendre leurs programmes à l’exception de la Rpa qui avait été rouverte par les putschistes alors qu’elle est encore sous le coup d’une suspension.
Les paroles ne suffisent pas, répondent les responsables des médias. « La présidence dit qu’on peut émettre à nouveau. Mais on va émettre comment alors que 80% de notre matériel de diffusion a été sérieusement endommagé parce que les policiers, qui ont fait irruption dans nos locaux, ont mitraillé tous nos équipements ? On est parti pour ne pas pouvoir travailler pendant 3 ou 4 mois là », a expliqué le directeur de Bonesha Fm, Patrick Nduwimana, au micro de Radio France International. D’importants dégâts sont également signalés par le directeur de la Rema, Claude Nkurunziza. « Nous n’avons plus rien, comment reprendre les programmes ? », se demande-t-il.
Pour Patrick Nduwimana de Bonesha Fm, il revient à l’Etat de prendre en charge les réparations. En effet, hormis la Rema, les autres supports de communication attaqués accusent les forces de défense et de sécurité favorables au président Pierre Nkurunziza. Des journalistes burundais soutiennent que les radios Bonesha et Isanganiro ont été attaquées en plein jour par des policiers alors qu’il n’y avait aucun combat.
Par ailleurs, les assurances de la présidence de la République sont loin de rassurer les professionnels des médias qui sont actuellement en chômage. « Tout le monde est menacé. C’est vraiment contradictoire : d’un côté, on nous dit qu’on peut travailler, qu’on va nous sécuriser, mais de l’autre côté, on subit des menaces de mort », s’inquiète Patrick Nduwimana.
Ce dimanche 17 mai 2015, il a fallu l’intervention du médiateur de la République pour que le patron de la radio et télévision Renaissance y accède pour évaluer les dégâts. « Il y a des policiers devant les radios, comment va-t-on y accéder ? », fulmine Innocent Muhozi. L’avenir est plus que jamais flou pour la Rpa, la radio la plus écoutée du pays. On annonce que son directeur, Bob Rugurika (photo), a décidé de quitter le Burundi.
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