(Agence Ecofin) - Il semble que les créateurs puisent leur inspiration à la même source pour proposer des œuvres de divertissement. Il y a comme une mode adoptée par tous, peu importe le segment choisi : musique, cinéma, télévision, jeux vidéo, brand content et livres. Voici donc publié l’étude « Les tendances de l’Entertainment 2015-2016 ». Depuis 2012, Hopscotch Rouge et Promostyl s’attèlent à identifier les thématiques, les valeurs ou encore les phénomènes qui influencent les œuvres de la vaste industrie du divertissement.
Hopscotch Rouge est une agence du groupe mondial Hopscotch spécialisé dans le conseil en communication, les relations publiques, l’événement, le digital et le web social. Dans ce travail qui consiste à déceler des tendances, Promostyl est bien dans son élément en tant que bureau international de style qui permet à ses clients d’adopter « le bon style », c’est-à-dire l’esprit du moment.
Une conviction guide Hopscotch Rouge et Promostyl : c’est bien parce qu’il y a des tendances que la musique, les jeux vidéo, les séries Tv, le cinéma, les livres, etc traitent parfois de mêmes sujets, simultanément, alors que les délais de création et de production sont extrêmement différents dans tous ces domaines. L’étude montre qu’à l’heure actuelle, l’industrie du divertissement est traversée par 5 tendances ou phénomènes, si l’on veut. Evidemment, il est fort probable que les créateurs africains soient guidés par tout autre chose. Mais il est bon de découvrir des tendances que le site INfluencia présente en exclusivité. L'outil marketing est non négligeable.
1 - Une connexion renforcée aux autres : c’est la tendance Bliss
La reliance est de sortie : on assiste à plus d’ouverture, de partage, d’émotion, et d’optimisme premier degré. Cette année aux Etats-Unis, le constructeur automobile Volvo a lancé un jeu astucieux sur Twitter autour de son film publicitaire, « The Greatest Interception Ever ». Durant le Super Bowl, chaque publicité d’un autre constructeur qui passait à la télé donnait l’occasion à chaque téléspectateur d’inscrire #VolvoContest sur le réseau social, en plus du nom d’un être cher qui mérite de gagner la nouvelle XC60. Cette économie du cœur n’a pas laissé indifférent même les géants de l’agroalimentaire. Dans la campagne « Pay With Lovin », McDo invite ses clients à régler leur repas avec des câlins. La pub Coca-Cola montre comment on transforme un monde de haine en monde d’amour. Les produits eux-mêmes deviennent des media d’amour chargés d’intention positive au nom de la personne aimée (Nutella, Coca, Milka...)
L’Entertainment rassemble les ennemis qui s’affrontent dans l’estime et le respect qui s’enrichissent de leur différence. Au cinéma, Superman contre Batman, dans le très attendu film « Dawn of Justice ». Android communique en mettant en scène sa rivalité légendaire avec IOS. Le massage est clair : il y a de la place pour deux en ce monde. Burger King tend la main à son rival de toujours, MacDonald's, pour concevoir un « Peace Mac Whooper » vendu au profit du jour de la Paix. C’est l’optimisme au premier degré chez Fiat qui parle de « Colortherapy ».
On utilise désormais un nouveau langage, celui de l’émotion. « L’emoji est devenu un nouveau mode d’expression, un code sémiologique qui s’immisce dans notre culture », constate Laurence Malençon, auteure de l’étude, co-fondatrice et directrice générale associée de l’agence Hopscotch Rouge. En 2015, ce qui est important ce n’est pas le propos mais l’intention qu’on y met. Coca-Cola a imaginé un générateur d’URL avec des émoticônes joyeuses. Ikea lance une application d’émoticônes pour aider les couples à communiquer. MacDonald's, Domino’s propose de donner des cours d’émoticônes aux plus de 40 ans. Mais d’abord il faut commander sa pizza par SMS.
2 - Les hackers sont les nouveaux héros : c'est la tendance stuff
Les nouveaux héros sont désormais les hackers, lanceurs d’alerte, qui manient le code avec virtuosité, surtout quand il s’agit de le mettre au service du bien public. L’Union européenne a emboîté le pas à Barack Obama et son Hour of Code, en lançant la 2ème semaine du code au mois d’octobre dernier, durant laquelle étaient organisés des milliers d’ateliers de code. La culture code devient glamour, avec le mannequin Lindsay Scott qui ouvre une école de code, l’Indien Vikram Chandra parle de la poésie et de la mystique du code et le compare au pythagorisme où les nombres d’or régissaient l’univers. Ceux qui possèdent le code sont les maîtres du monde. La série télévisée américaine « Mr Robot » raconte l’histoire d’un jeune informaticien qui hacke les comptes des gens et agit comme un cyber-justicier.
Intègres, les lanceurs d’alerte privilégient le bien public à leur propre confort matériel et moral, et prennent des risques énormes pour révéler aux peuples ce qui se joue à leur insu. Voilà que des 2 projets cinéma racontent l’affaire Snowden : « Snowden File », prévu pour 2016, et « Citizenfour » sorti en mars 2015. En face, des hackers, il y a les méchants, assimilables aux patrons des multinationales ou des supra structures. Le Prix à payer, documentaire canadien sorti en 2015, révèle le dysfonctionnement des multinationales qui légalisent à grande échelle l’évasion fiscale, alors qu’elles ont déjà d’immenses trésoreries. Il y a aussi « L’Enquête, thriller », second film sur le sujet tiré de l’affaire « Clearstream ». Il replonge dans les liaisons dangereuses entre le pouvoir et les multinationales. « Section Zero », la nouvelle série projette l’Europe de 2014 où les Etats endettés ont renoncé à leur souveraineté au profit de multinationales, immenses agrégats économiques ultra puissants. La série « La vie devant elles », ou encore le film « La loi du marché » dénoncent les multinationales. Même l’artiste Stromae dans son clip « Carmen » montre du doigt le pouvoir exorbitant et hypnotique des réseaux sociaux qui se repaissent de notre vie
Du coup on mise sur les systèmes parallèles. Avec de nouveaux systèmes qui détricotent la consommation, rapprochent les individus de la matière, ou encore mettent en place des systèmes citoyens et collectifs pour s’entraider, donner, éviter les gâchis. La société civile réagit avant les politiques, comme le prouvent des comédies comme « Discount », sortie en janvier 2015, dans laquelle les employés d’un supermarché développent leur propre système de revente de produits gaspillés. Ce thème renvoie à l’épicerie solidaire, à la loi contre le gaspillage du 21 mai, adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale française et dans laquelle il est dit que les moyennes et grandes surfaces de plus de 400 mètres carrés doivent conclure une convention avec une association caritative, afin de faciliter les dons alimentaires.
Autre exemple : des applications sorties proposent aux particuliers de donner leurs restes (Left Overswap), les frigos solidaires, les légumes moches… Air Bites est un service imaginé par des étudiants où on peut manger chez un particulier.
3 - Le bonheur, « c’est simple comme un cerveau au repos » : c’est la tendance instincts
Pour se réinventer, il est important de renouer avec ce qu’il y a de plus essentiel en nous : notre instinct. Et pour cela, il faut démonter la machine sophistiquée de notre mental. Si l’an dernier, il s’agissait de déconnecter, il faut carrément arrêter de penser, cesser d’intellectualiser, se faire confiance à soi-même, se reconnecter à la terre. On retrouve son instinct animal comme dans le film « The Lobster ». Les neurosciences mettent en avant la puissance de la zone émotionnelle du cerveau formée par l’amygdale et le noyau accumbens. Avec son recueil de 19 nouvelles paru chez Gallimard, « S’abandonner à Vivre », l’aventurier-écrivain Sylvain Tesson suggère d’adopter le « Pofigisme », un terme russe qui signifie une « acceptation joyeuse, désespérée » de ce qui nous arrive. Michel Onfray lui emboîte le pas avec « Sagesse sans Morale » et propose une façon de vivre axée sur la contemplation contemplative. Dans son clip, « Elastic Heart » sorti en janvier 2015, Sia met en scène Shia la Beouf et Maddie Ziegler dans une cage, qui se jaugent et se reniflent comme des tigres. La fascination humaine pour le monde animal semble tutoyer les sommets. Les médecins préconisent la cohabitation avec un animal domestique pour chasser le stress; les bars à chats essaiment au Japon. Au nombre de 63 millions, les animaux domestiques représentent la première communauté française. On les anthropomorphise, on les fait parler, on leur donne leur premier hôtel comme dans la publicité pour l’agence de voyage argentine Atrapalo, leur premier restaurant, leur première chaîne de Tv avec des émissions dédiées. Whiskas lance même une application pour vivre la vie d’un chat et Telefonica propose aux félins de vivre plus comme des chiens (« Be more dog »).
Dans cet instinct, il y a le goût du risque. Se trouver c’est aussi se perdre, se mettre en danger. Avec des films comme les « Nouveaux Sauvages », « Les Combattants » ou « The Walk ». La publicité Audi fait l’éloge de la transgression. Dans l’émission de real Tv américaine « Risking it all », sur la chaîne TLC, trois familles quittent les fastes de la vie citadine pour partir se ressourcer dans une petite maison dans la prairie sans eau courante ni électricité.
4 – Place aux valeurs communes : c’est la tendance transmission
En 2015, l’Entertainment tente de refonder des valeurs communes. De nombreuses marques comme Air France ou Toyota font de ce label un argument de vente. En France, cette tendance perdure depuis 2012. Il y a des livres qui valorisent la cuisine, les beautés de la France et même l’orthographe française ! Le concours « La dictée des cités », créée par l’association Force des Mixités, a rassemblé plus de 1000 participants à Saint Denis.
Après les attentats de Paris en janvier 2015, de nombreux écrivains et réalisateurs sont montés au créneau pour défendre les valeurs républicaines et laïques: Marek Halter dans « Réconciliez-vous ». Lydia Guirous a écrit « Allah est grand, la République aussi ». Abdennour Bidar dans son « Plaidoyer pour la Fraternité ».
Le danger islamiste prend une part grandissante dans les histoires développées par les auteurs. La série « FRAT » (acronyme de Français Radicalisés Terroristes), est la première en format express (10 épisodes de cinq minutes), diffusée sur Canal Play. Elle traite des retournés et de leur traitement par une fraction de forces spéciales. Le film « Made in France » de Nicolas Boukhrieff, (dont la sortie a été repoussée en raison des attentats du 13 novembre dernier), propose de suivre le parcours d’un journaliste indépendant musulman infiltré dans une organisation djihadiste en banlieue parisienne.
Enfin, la question des migrants apparaît dans les films indépendants mais aussi dans la real Tv et les jeux sur Smartphone. Au cinéma, il y a eu « Hope », « Alda », « Maria » et « Dheepan ». Puis il y a la Tv réalité baptisée « Rot Op Naar Je eigen Land », qui montre une famille de Hollandais, plongée dans la réalité de l’immigration et doit se débrouiller sans moyens dans un pays d’accueil. C’est une alerte sur la vie de ceux qui n’ont plus aucun repère. Les Smartphones offre des jeux comme « Cloud Chaser », « MigraKick » ou encore « Papers Please » dont le but est de dénoncer les complexités sans fin du parcours de migrant.
5 - On revit dans les années 90 : c’est la tendance anticipations
Voici qu’on parle de rétro-futur. Dans tous les domaines, notamment dans les jeux comme : We are the 90s (boite à quizz spécial 90's) ou My Retro Gamesbox (une nouvelle box qui propose d’acquérir des jeux vidéo rétro chaque mois). Le studio d’animation américain Nickelodeon lance la chaîne The Splat, qui rediffusera ses grands succès des années 90, parmi lesquels « Hé Arnold ! » et « Les Razmoket ». Pour le moment, elle n’est pas encore en activité mais une chaîne YouTube, un site officiel et des comptes Facebook, Twitter et Instagram viennent tout juste d’être créés. Un nouveau bar baptisé le « Pub Fiction », a été lancé à Paris, consacré aux années 90. On peut y redécouvrir Games Boy, Kiki, CD 2 titres, boys band et séries cultes. « On est aussi envahi par les pixel qui rassurent et nous donnent un futur sympathique… », ajoute Laurence Malençon.
C’est aussi le retour des films cultes de science fiction : « Independence Day », « Star Wars », « Mad Max », « Jurassic World », « Teminator »… En 2016 est prévu la sortie d’un trois films dérivés de « Star Wars ».
« Au final, 2015 a été dominée plus que largement par des messages forts pour s’ouvrir encore plus au monde, manifester toujours plus d’attention et de bienveillance, changer de modèle de société en se rapprochant de la nature et de la matière et se rapprocher de ses instincts. Un mot d’ordre : aimer, fabriquer, ressentir », conclut Laurence Malençon.
Assongmo Necdem
Palais du Pharo, Marseille, France - Explorer, Investir, Réussir.