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DSK: «L’émergence des économies dépend de leur intérêt pour l’éducation»

  • jeudi, 27 septembre 2012 12:16

«Il n’y a plus seulement les USA, l’Europe et le Japon qui dictent l’évolution de l’économie mondiale, même si l’innovation vient toujours des Etats-Unis», estime Dominique Strauss Kahn, ex-patron du FMI

- L’Economiste: La croissance des pays ou des économies émergentes a-t-elle réussi à redéfinir l’équilibre du pouvoir économique?
- Dominique Strauss Kahn: Bien évidemment, elle le redéfinit. Et s’il n’y avait pas la croissance des économies émergentes aujourd’hui, il n’y aurait pas eu de croissance tout simplement. Les économies émergentes ont plus de poids dans les décisions collectives prises et c’est reconnu par tous. C’est un peu le cas dans les institutions comme le FMI ou la Banque mondiale ou leur rôle et leur pourcentage a augmenté. Ce n’est pas encore suffisant. Les pays avancés notamment l’Europe devraient accepter et reconnaître que leur propre rôle est devenu moins important qu’avant et que les économies émergentes ont plus d’influence. C’est non seulement la justice, mais aussi une conception positive de l’avenir. Le monde a besoin d’une coopération plus intense. Il n’y a pas de sortie de crise ni d’économie mondiale florissante sans une plus grande coopération et plus de multilatéralisme. Et là dedans, les économies émergentes ont plus qu’un rôle à jouer.

- Doit-on comprendre que les temps de domination des économies avancées sont révolus?
- Nous entrons dans une phase de multipolaire où il n’y a plus seulement les USA, l’Europe et le Japon qui dictent l’évolution de l’économie mondiale et je crois que c’est une bonne chose. C’est compliqué de parler de domination car le rôle des économies avancées n’est plus le même si l’économie des USA par exemple reste encore la plus puissante au monde. C’est dans cette partie du monde qu’une grande part de l’innovation est faite, ne l’oublions pas. L’Europe quant à elle fait quelque 25% du PIB mondial et selon qu’elle va bien ou mal, cela infléchit sur le reste de plusieurs autres pays.

- A quel moment l’économie mondiale ira vers une véritable sortie de crise?
- Cela dépend de ce que l’on entend par sortie de crise. On enchaîne les crises derrière les autres. Nous sommes en effet sortis d’une crise bancaire et financière pour entrer dans une crise européenne, celle de la dette publique. Et on ne peut pas dire que l’économie mondiale est revenue à la normale. En 2012, l’économie mondiale croîtra certainement de 3,5%. Et c’est sensiblement au-dessous du potentiel.

- Les règles de bonne gouvernance sont une clé pour une bonne croissance. Pensez-vous que les pays émergents en disposent?
- Ce n’est pas la clé, mais un des éléments les plus importants de croissance. Et dans les pays émergents, la gouvernance n’est pas toujours celle que l’on aurait souhaitée, mais soyons honnêtes, dans les pays à économies avancées, non plus. Et donc la lutte contre la corruption, les décisions antidémocratiques et l’absence de concertation sont des choses sur lesquelles il faut avancer rapidement aussi bien dans les pays émergents qu’ailleurs. J’ai le sentiment qu’il y a des progrès qui sont faits.

- Justement, les décideurs ont-ils des profils pour mener à bien ce chantier de bonne gouvernance? Quels sont à votre avis les profils adéquats?
- C’est vrai qu’en ces moments où l’économie est très tendue, les problèmes deviennent de plus en plus techniques et les décideurs devraient avoir un minimum de compétences pour aller vers de bonnes prises de décisions. Car, il est nécessaire de maîtriser les enjeux. Le contre argument souvent avancé est que ce sont des hommes politiques ou des conseillers qui peuvent eux, maîtriser les cotés techniques. Mais, c’est très compliqué d’être piloté par des conseillers. Autour d’une table où les négociations sont importantes comme celles des réunions du G20, ceux qui savaient de quoi ils parlaient, l’emportaient, loin de tout charisme que peut avoir un décideur. Je ne pense pas qu’il existe beaucoup de personnes qui iraient se faire opérer par un chirurgien qui n’y connaît rien, mais qui serait entouré d’une équipe compétente en chirurgie.

- Peut-on considérer le Maroc parmi les pays à économie émergente ?
- Oui, le Maroc est un pays à économie émergente. Il est difficile bien entendu de le comparer avec des pays comme l’Inde ou encore la Chine où la démographie est beaucoup plus importante, mais je crois que les réformes en cours sont très significatives. Et il a beaucoup de chance de les réussir. Ces réformes font que la part de l’économie agricole diminue aujourd’hui et que les prévisions de croissance sont désormais aussi indexées sur la technologie et les activités industrielles. Personnellement, j’ai toujours pensé et je continue de le croire que le développement du continent africain à l’avenir se fera par ses deux extrêmes: l’Afrique du sud et le Maroc pour l’Afrique du nord. Maintenant, s’il y a un chantier sur lequel, le Maroc devrait accélérer, c’est bien l’éducation.
L’émergence des économies dépend justement de leur intérêt pour l’éducation. Il n’y a qu’à voir les universités de Sao Polo ou de Shanghai…. Et on ne peut pas développer un enseignement supérieur, s’il n’existe pas de soubassement. Or, l’analphabétisme est beaucoup trop fort au Maroc, en particulier dans les zones rurales. Et c’est malheureusement le terreau sur lequel est construit le reste et donc l’enseignement supérieur. L’autre mal dont souffre le Maroc est de l’ordre de la sécurité judicaire. Les investisseurs internationaux ont besoin d’un contrat clair applicable un peu partout dans le monde en cas de litige. Tout cela explique que ce ne sont plus les valeurs traditionnelles qui comptent seulement, mais tout l’environnement autour.

- A quel type de partenariat économique peut penser légitimement le Maroc? Et quels sont à votre avis les partenariats les plus fructueux?
- La présence marocaine en Afrique subsaharienne dans les finances, les banques, l’aérien sont autant d’éléments de développement économique. En optant pour ces choix, le Maroc y gagne en liberté, surtout celle de décider de sa propre économie.
A mon avis, les pays du Sud sont à court et moyen terme, les vrais marchés du Maroc de demain. Le Maroc qui a tout aussi bien géré des problèmes de crise économique que ceux plus politiques induit par le printemps arabe, jouit maintenant des marges de manœuvres créées bien avant la crise et qui ont pu être utilisées à bon escient. Plus même, le printemps arabe lui permet de prendre désormais le leadership par rapport à ses voisins. Pour l’avenir, il est normal que le pays soit capable de diversifier ses relations économiques. L’Europe restant un partenaire privilégié, il est parfaitement légitime de penser à des relations nouvelles et s’orienter vers d’autres partenaires comme les USA. Personnellement, je suis un partisan de l’Union pour la Méditerranée. Dans 50 ans ou 100 ans, je ne pense pas que beaucoup de pays résisteront à la nouvelle configuration mondiale qui se composera certainement à l’avenir de trois pôles: américain –autour des USA et Brésil-, asiatique autour de la Chine et européen méditerranéen. Pour un pays comme le Maroc, c’est au cœur de la Méditerranée que repose l’avenir de l’économie.

- Le Royaume a opté pour une ligne de crédit du FMI. Quelle lecture en faites vous, en tant qu’ancien dirigeant de cette institution?
- On ne peut plus interpréter le soutien du FMI comme celui d’un pompier à un canard boîteux. L’institution a beaucoup changé au cours de ces dernières années et a désormais mis en place de nouveaux instruments financiers qui sont plutôt des soutiens aux bons élèves. Le premier qui en a bénéficié est le Mexique et bien d’autres pays plus tard, comme la Colombie et la Pologne. L’idée de ces nouveaux instruments est que le pays dispose d’une politique qui fonctionne bien et que s’il garantit sa durée, le FMI lui accorde une ligne de crédit et donc une soupape pour aller attaquer d’autres marchés.

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