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Monaco ouvre une information judicaire contre BNP Paribas pour «blanchiment» de chèques émis en Afrique

  • Date de création: 21 février 2014 13:48

(Agence Ecofin) - La justice monégasque a ouvert une information judicaire pour «blanchiment» dans une affaire de circuit financier suspect de chèques venant d'Afrique, dans laquelle serait impliquée une filiale monégasque de la banque française BNP Paribas. C’est le Procureur général de Monaco, Jean-Pierre Dréno qui a annoncé l’ouverture de cette information pour «blanchiment, recel de blanchiment, complicité de blanchiment et omission de déclaration de soupçons».

Dans le cadre de cette affaire connue sous l’appellation de la «lessiveuse africaine», BNP Paribas Wealth Management est accusée d'avoir encaissé pendant des années des chèques suspects provenant de pays africains. Entre 2008 et 2011, la filiale monégasque de la BNP Paribas a reçu et encaissé plusieurs dizaines de milliers de chèques provenant du Gabon, du Sénégal, du Burkina Faso et de Madagascar selon un rapport interne de l'inspection générale de la BNP Paribas daté du 25 octobre 2011, cité par Sherpa et dont l’agence Ecofin s’était fait écho l’an passé.

Ces chèques, émis en Afrique par des touristes, étaient revendus à des Africains ayant des comptes à BNP Paribas Monaco. Ces derniers ont pu ainsi faire sortir illégalement des devises de leurs pays, souvent soumis au contrôle des changes, ou cacher leurs revenus au fisc.  Les montants en jeu s’élèveraient à plusieurs centaines de millions d’euros. Sherpa a détaillé en fait une pratique répandue dans certains pays d'Afrique: les visiteurs étrangers achètent à leur arrivée dans des hôtels ou des commerces des devises locales en faisant des chèques en euros. Le bénéficiaire du chèque est toutefois laissé en blanc. Ainsi un système local de rachat des chèques permet notamment à des résidents de pays africains d'envoyer de l'argent sur un compte en Europe.

«Les chèques, émis par des ressortissants français, étaient détournés à leur insu vers des comptes à Monaco, le but de cette manœuvre étant d'échapper au contrôle des changes ainsi qu'au fisc», ajoute l’association Sherpa, dont l'objectif est de défendre les populations victimes de crimes économiques. Sherpa soupçonne aussi une «éventuelle existence d'une filière de blanchiment d'argent du crime organisé à travers ces détournements suspects dont auraient bénéficié les destinataires des chèques émis en Afrique».

BNP Paribas a déclaré avoir mis fin aux «pratiques» concernées et renforcé ses procédures.

«Ces comptes de clients de différents pays africains (notamment de Madagascar) étaient liés à une activité commerciale réelle (hôteliers, commerçants,.) et pouvaient recevoir des remises de chèques pour faciliter les achats sur place de touristes ou d'expatriés français ne disposant pas de compte dans les banques locales», a précisé la banque dans un communiqué.

«Cette problématique a donné lieu à une mission d'inspection interne et à un plan d'actions correctif en 2011. Suite à cela, il a été mis fin aux pratiques concernées en 2011 et 2012. A ce jour tous les flux ont été stoppés et les comptes concernés sont clos ou en cours de clôture», ajoute le même communiqué.

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