(Agence Ecofin) - En déplacement à la conférence Africa DownUnder qui se tient à Perth (Australie), le ministre de l’industrie et des mines du Gabon Regis Immongault a indiqué hier que la nouvelle convention d’exploitation du gisement de fer de Belinga situé dans le Nord Est ne sera pas attribuée avant 2014.
Le retard du développement du projet par la CMEC (China Machinery Engineering Corporation) avait amené le gouvernement gabonais a cassé en décembre 2011 le contrat signé le 12 décembre 2007 entre le Gabon et la Compagnie minière de Belinga (Comibel), filiale à 75 % de la CMEC.
Plusieurs arguments ont, semblent-t-il, motivé la décision du Gabon, entre autres :
- pas d’estimation certifiée des réserves de fer par une expertise indépendante ;
- mauvaise coordination des composantes minières, ferroviaires, énergétiques, portuaires, environnementales, juridiques et financières du projet ;
- pas de track record significatif de Comibel-CMEC dans le développement de projet minier de classe mondiale ;
- une répartition du capital de la société et une convention fiscale non optimale pour le Gabon
Le contrat initial Gabon / Comibel-CEMEC portait sur une durée d’exploitation de 25 ans en raison de 20 à 30 millions de tonnes de fer extraits par an, incluant la construction d’un nouveau port en eau profonde, d’une ligne de chemin de fer de 560 km et d’un barrage hydroélectrique de 3x50 MW. 25% du capital de la Comibel était réservé au Gabon et le coût de l‘investissement était estimé à 3 milliards d’euros.
Pour mieux négocier les termes du futur contrat et sécuriser la mise en œuvre de ce gisement évalué entre 1 à 4 milliards de tonnes de minerai de fer, le gouvernement a lancé le 22 juin 2012 un appel à manifestation d‘intérêt pour l’étude d’évaluation des ressources en minérai de fer de la zone dite des Douze crêtes du gisement de fer de Belinga, selon les normes internationales en la matière (norme canadienne NI 43 101, norme australienne JORC ou équivalent).
Cette réévaluation et certification des réserves prendra au minimum 18 mois.
A l’issue des travaux de certification du gisement, le gouvernement gabonais envisage de solliciter tous les partenaires intéressés dont CEMEC pour étudier et sélectionner la meilleure offre de développement.
Le trio Vale (Brésilien), BHP Billiton (Anglo Australien), Rio Tinto (Anglo Australien) qui représente 70% de la production de minerais de fer mondiale se tiennent prêt à déposer une offre globale au gouvernement.
La Chine en raison de son rôle d’acheteur mondial de fer (55 % de la consommation mondiale de fer) appuiera certainement ses groupes miniers et mettra à disposition des facilités de financement.
D’autres acteurs présents sur une partie de la chaine de valeur minière ou sur d’autres métaux industriels pourraient aussi monter des consortiums pour postuler à l’exploitation de Belinga.
La norme canadienne 43-101 de certification de gisement minier
La réglementation canadienne 43-101 est un ensemble de règles sur la communication et la présentation d'informations scientifiques et techniques relatives aux terrains et gisements miniers détenus par des sociétés dont les titres sont négociés en bourse ou émis dans le public au Canada. Ce règlement a été établi par les autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) à la suite de la fraude de Bre-X Minerals afin de protéger les investisseurs contre des assertions non corroborées et frauduleuses concernant des ressources minières.
Les rapports techniques élaborés doivent être établis conformément à 27 rubriques dont les plus importantes sont :
- Le nom, le titre professionnel de chacune des personnes qualifiées pour l’élaboration du rapport ;
- Description et emplacement du terrain
- Accessibilité, climat, ressources locales, infrastructure et géographie physique
- Historique
- Contexte géologique et minéralisation
- Types de gîtes minéraux
- Travaux d’exploration
- Forage
- Préparation, analyse et sécurité des échantillons
- Vérification des données
- Essais de traitement des minerais et essais métallurgiques
- Estimations des ressources minérales
- Estimations des réserves minérales
- Méthodes d’exploitation
- Méthodes de récupération
- Infrastructures du projet
- Études de marché et contrats
- Études environnementales, permis et conséquences sociales ou sur la collectivité
- Coûts d’investissement et coûts opérationnels
- Analyse économique
- Terrains adjacents
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