(Agence Ecofin) - Alors que ses revenus pétroliers s’effondrent, le Nigéria, qui est désormais la deuxième économie d’Afrique, a déclaré être en quête de 7 milliards $ d’investissements pour relancer son secteur minier et son industrie d’acier sur les dix prochaines années. Cela pourrait lui donner les moyens de se sortir du marasme dans lequel est plongée son économie.
Rendre plus attractif le secteur minier pour attirer les investisseurs
Sur les 7 milliards $ recherchés, le pays veut utiliser 5 milliards $ pour relancer son secteur minier. Abuja prévoit en effet de commencer d’ici deux à cinq ans la production à une échelle sérieuse de minerai de fer, de plomb, de zinc, de charbon et d’or. Au nombre des entreprises qui envisagent investir dans le secteur minier, le pays a mentionné Multiverse Mining & Exploration et Kogi Iron.
Cependant, le secteur minier nigérian n’attire pas beaucoup les investisseurs notamment à cause de la réglementation qui inquiète ceux-ci. Le ministre des mines Kayode Fayemi (photo) présentera dans ce sens ce mois un plan d’exploitation minière au président Muhammadu Buhari et plus tard un projet de loi proposant la création d’un organisme indépendant qui se chargera de réglementer le secteur. «Actuellement, le ministère s’occupe de tout : les licences, la surveillance, l’inspection, ce qui est anormal », argue M. Fayemi. Une agence autonome serait donc mieux placée pour se concentrer sur la performance et l'efficacité du secteur.
En outre, les réformes incluront la possibilité pour les sociétés étrangères de détenir des projets miniers à 100%, ce qui n’était pas le cas.
2 milliards $ pour relancer le complexe sidérurgique d’Ajaokuta
D’un autre côté, le pays a déclaré avoir besoin de 2 milliards $ pour relancer son complexe sidérurgique d’Ajaokuta, censé avoir une capacité annuelle de production de 5 millions de tonnes d’acier. « L’une des priorités du gouvernement est de répondre à la demande annuelle d’acier qui est de 6,8 millions de tonnes, en surpassant son actuelle production qui n’en représente que le tiers, obtenue principalement grâce aux ferrailles », a déclaré M. Fayemi.
La construction du complexe d’Ajaokuta a débuté en 1979, mais a été retardée par l’incapacité du gouvernement à payer dans les délais les constructeurs. En 2004, elle a été prise en charge par la société indienne Global Steel Holdings mais n’a toujours pas produit de l’acier. Le gouvernement a finalement décidé le 3 août dernier de reprendre le complexe et prévoit de quadrupler sa capacité actuelle. Il est pour cela en discussion avec la compagnie russe Technopromexport et la chinoise Ansteel Group Corp pour achever la construction du complexe et débuter la production.
Si trouver ces investissements ne sera pas chose aisée, le pays s’active néanmoins bien dans son projet de diversification et de revitalisation de son économie, dont la croissance a longtemps été assurée par le pétrole. Finalement, la chute des prix du pétrole pourrait s’avérer «une bénédiction» pour le pays comme le déclarait récemment son président, dans la mesure où il pourra se tourner vers d’autres secteurs, en l’occurrence les mines et l’agriculture.
Louis-Nino Kansoun
Accra, Ghana