(Agence Ecofin) - L’agence de notation Fitch Rating a dégradé vendredi 15 août 2014, la noté créditeur d’Absa Money Market Fund, la plaçant sous observation négative, ajoutant ainsi ce fonds de marché monétaire sud-africain, filiale de Barclays Africa, à une liste de six autres structures du même secteur, dont Investec Money Market Fund(AA+), Investec Stefi Plus Fund (AA), Nedgroup Investments Core Income Fund (AA-), Nedgroup Investments Money Market Fund (AA+),et STANLIB Extra Income Fund (AA-),
Rappelons qu’un Fonds de marché monétaire, est un cadre d’investissements qui permet d’effectuer des placements de court terme, généralement sur le marché monétaire et qui peuvent se caractériser par un rendement élevé, en raison de la nature de l’objet du placement. Dans le cas des fonds dégradés par Fitch Ratings, elles ont été pour la plus part exposé à African Bank Investment Limited (ABIL), dont le model d’affaire consiste à emprunter sur le marché monétaire afin d’accorder des prêts non sécurisés de très court terme, mais avec un rendement élevé.
La réaction de l’agence de notation est intervenue après que la banque centrale sud-africaine ait accepté de sauver la banque qui avait déjà perdu jusqu’à 90% de sa valeur boursière, en séparant la partie affectée par les créances douteuses (mauvaise banque) et celle restée indemne (bonne banque), ce qui a eu pour conséquence un désinvestissement massif des fonds.
Mais lorsqu’elle n’est pas critiquée par certains, la portée de cette note est relativisée par d’autres. Aux yeux de plusieurs experts, la notation de Fitch, qui reste logique et cohérente aura un effet limité sur le marché et les décisions d’investissement. Elle «arrive sur le tard et c’est le problème avec les agences de notation. Le marché dans son ensemble savait que ces fonds détenaient les dettes d’African Bank, et quels seraient les niveaux de dépréciation. Ce que fait Fitch c’est de la routine. Comme les actifs sont restructurés et que les fonds ont perdu 10%, il faut dégrader leurs notes. C’est pareil lorsqu’on abaisse les notes de toutes les banques sud-africaines parce que la note du pays l’a aussi été » a expliqué dans une radio sud-africaine Wayne McCurrie, de Momentum Wealth.
Pour les plus modérés la perspective négative est simplement précipitée. Selon Steve Roger directeur associé chez Taquanta Asset Managers, une fois qu’on prend le temps de bien observer les chiffres on peut être sûr de ce que la perspective positive reviendra bientôt. « L’exposition d’un fonds à hauteur de 5% équivaut dans le cas de la faillite d’ABIL, à une perte de 50 points de base, ce qui représente à peine un mois d’intérêts pour ces fonds. Cela signifie qu’une fois la décote absorbée, le rendement annuel du fonds peut partir de 6% à 5,5%, ce qui reste un taux bien supérieur comparé à celui qu’offre les titres publics par exemple », a-t-il expliqué.
Chez Investec on partage aussi l’avis selon lequel Fitch Ratings devrait revenir sur sa notation, une fois qu’il aura une visibilité sur le plan de restructuration d’African Bank Investment Limited, qui est actuellement sous tutelle. « Une fois que la restructuration aura été finalisée, la dette au sein de la bonne banque, celle à laquelle nous sommes exposés, aura une bien meilleure notation », ont expliqué ses dirigeants dans un communiqué.
Principal concernée par la dernière notation, Absa est aussi dans la même logique. Les dirigeants de son fonds qui était associé à ABIL ont fait savoir que, par souci de protéger leurs clients, ils ont désinvesti presque totalement les actifs de la banque en difficulté, de l’ensemble de leurs portefeuilles de marché monétaire, ne gardant que les titres des cinq banques les plus performantes d’Afrique du sud et du gouvernement.
Idriss Linge
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