Takaful Insurance of Africa lance un système innovant pour assurer le bétail contre la sécheresse

(Agence Ecofin) - La compagnie d’assurance islamique Takaful Insurance of Africa vient de lancer une offre d’assurance halal innovante destinée à protéger le bétail des communautés pastorales dans le nord aride du Kenya contre les risques naturels.

Créée il y a trois ans par Hassan Bashir, cette compagnie d’assurance offre un nouveau système innovant d’assurance du bétail, qui constitue la principale richesse de ces communautés pastorales et représente un mode d'épargne très vulnérable aux aléas météorologiques. Les indemnisations ne sont pas calculées en fonction du nombre de bêtes perdues, souvent impossible à prouver, mais de la sévérité de la sécheresse, évaluée via un indice conçu par des experts de l'Institut international de Recherche sur l’élevage (Ilri) de Nairobi qui mesurent la couverture végétale des zones concernées grâce à des satellites météorologiques de la Nasa. Dans ce cadre, plus la sécheresse est sévère dans une zone, plus l'indemnisation par bête assurée est importante, quelles que soient les pertes réelles. «Je viens de cette communauté et je comprends ses besoins», explique Hassan Bashir, qui est lui-même fils de chamelier.

L'assurance classique étant interdite par l'Islam qui prohibe spéculation et les paris sur le hasard, M. Bashir, 48 ans, a décidé de baser son offre sur le principe islamique du «takaful» (solidarité), un système de garantie coopérative où le risque est partagé entre souscripteurs qui se portent mutuellement assistance. Dans le takaful, les souscripteurs restent propriétaires des fonds et tout surplus après versement des indemnités est redistribué équitablement ou réinvesti. Takaful Insurance of Africa, fondée initialement pour assurer véhicules et habitations, ne prélève que des frais de gestion.

Le projet a reçu le soutien de l'Australie, du Royaume-Uni et de la Commission européenne qui ont financé à hauteur de 6 millions de dollars la mise en place de l'indice de l'Irli et la promotion du système via des ONG.

«C'est un produit novateur qui peut être reproduit ailleurs au Kenya, mais aussi dans d'autres pays», s'enthousiasme Dominique Davoux de la Commission européenne. Ces bailleurs de fonds  espèrent qu'il permettra à ces communautés vulnérables de mieux résister aux sécheresses et de réduire leur dépendance à l'aide humanitaire.

Le potentiel économique du système est également important. Le gouvernement kényan estime la valeur du bétail à 5 milliards de dollars dans le pays. Dans la Corne de l'Afrique, les communautés pastorales représentent plus de 70 millions de personnes.

Ces semi-nomades possédant rarement des comptes en banque, les primes d'assurance peuvent être payées grâce au transfert d'argent par téléphonie mobile.

Selon son fondateur Takaful Insurance of Africa cherche désormais à étendre et diversifier son territoire de couverture, afin de diluer le risque de sécheresse et  de «créer un régime d'assurance stable».