(Agence Ecofin) - Suite à la demande du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM), la cotation des titres de capital de la Société Anonyme Marocaine de l'Industrie du Raffinage a été suspendue sur la cote de la Bourse de Casablanca ce 6 août, « en attente de publication d’informations importantes », a-t-on appris de source officielle.
La situation se présente comme un cran supérieur dans les difficultés détectées par le marché mercredi 5 août lorsque le titre a terminé la journée sur un recul de 10% dans un volume de 517 850 dirhams marocain. L'entreprise a indiqué dans un communiqué publié par Media24, qu'elle aurait des retards dans l'approvisionnement en pétrole brut en raison de difficultés financières. Toujours selon l'annonce, certaines unités de production ont été mises à l'arrêt et les livraisons de produits finis se feront désormais en fonction des stocks disponible.
Que l'entreprise connaît des difficultés, ne surprend pas beaucoup certains analystes. Bien avant la perte record enregistrée en 2014, l'endettement de l'entreprise est devenu son maillon faible ces derniers temps. Au premier avril 2015, elle était constituée en partie de dettes de financement (emprunts obligataires et autres dettes) qui ont légèrement reculé mais restent toujours au-dessus de 9 milliards de dirhams. De l'autre côté, on a le passif circulant qui recule à 11,8 milliards de dirhams (13,4 milliards de dirhams en 2013), mais qui est constitué en grande partie des sommes dues à des fournisseurs (donc à une échéance de court terme).
Un plan de restructuration a été présenté au mois de mai 2015. Parmi les partenaires qui ont apporté leurs concours à l'entreprise, on retrouve le groupe Banque Centrale populaire, la Société Internationale islamique de Financement du Commerce et le groupe d'investissement privé Carlyle qui lui ont tous accordé des facilités financières.
Certains analystes financiers, cités par des médias marocains, ne manquent pas de voir dans la situation actuelle une stratégie des dirigeants du groupe, pour "sensibiliser" des dignitaires saoudiens en vacances à Tanger (une ville marocaine). Les objectifs associés à la manœuvre seraient de pouvoir obtenir des solutions financières sans forcément se conformer totalement au plan de restructuration.
D'un autre côté, cet argument de manœuvre stratégique, et presque de dilatoire, est à confronter avec une situation réelle. La Samir a en effet cédé pour environ 420,4 millions de dirhams d'actifs immobiliers (1000 dirhams = 93,5 euros) en 2014, une initiative qui a eu pour effet, de voir ses revenus exceptionnels atteindre 437 millions de dirhams durant cette période, contre seulement 12,17 millions de dirhams en fin 2013.