(Agence Ecofin) - La Banque mondiale a invité, dans un rapport publié le 17 septembre, la Tunisie à lancer des réformes économiques profondes, estimant que le modèle économique tunisien datant des années 1970 est sclérosé par la bureaucratie, le manque de concurrence et un système bancaire en ruine. «En janvier 2011, les Tunisiens ont surpris le monde avec l'audace de la révolution qui a chassé (Zine El Abidine) Ben Ali du pouvoir. Une audace similaire est nécessaire maintenant pour les réformes économiques», a avancé l’institution dans un rapport de 330 pages intitulé «La révolution inachevée».
La Banque, qui a avoué avoir glorifié à tort le système économique durant le régime de Ben Ali, souligne que l’économie tunisienne est «restée bloquée dans des activités à faible valeur ajoutée, où les entreprises stagnent en terme de productivité et de création d'emplois». Elle réclame ainsi la fin de la séparation de l'économie en deux secteurs offshore et onshore, le cœur du modèle tunisien.
Dans le secteur offshore, la Tunisie compte sur des activités d'assemblage à faible valeur ajoutée. Dans le secteur onshore, qui recouvre les activités dédiées au marché intérieur, le protectionnisme et les monopoles font la loi, si bien que la concurrence y est quasi-absente, freinant l'innovation et la productivité, selon l’institution.
La Banque mondiale note, par ailleurs, que seule 50% de l'économie est ouverte à la concurrence, tandis que les divers tracas administratifs coûtent aux entreprises 13% de leur chiffre d'affaires. Elle indique, par ailleurs, que la rigidité de la législation du travail a conduit aussi les entreprises à limiter les embauches ou à trouver des moyens détournés pour recruter via des contrats précaires, tout en précisant que les entreprises peinent à arracher les crédits bancaires nécessaires à leurs investissements en raison notamment de la mauvaise santé des banques publiques. «Des changements à la marge des politiques économiques ne seront pas suffisants pour s'attaquer aux profonds dysfonctionnements de ce modèle économique», met en garde la Banque mondiale.
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.