(Agence Ecofin) - Le 19 août 2014 dernier, on apprenait que BHP Billiton allait créer une nouvelle entité indépendante valorisée autour de 15 milliards $, et qui serait constituée d'actifs non stratégiques hérités de la fusion avec Billiton, afin de se concentrer sur ses activités les plus rentables. On retrouve parmi ces actifs jugés non stratégiques, le charbon d’Afrique du sud, mais aussi les activités dans les secteurs du manganèse, et de l’aluminium.
Dans une note adressée aux investisseurs du Johannesburg Stock Exchange le 25 septembre 2014, l’entreprise a fait savoir que cette entité dont on attend toujours la désignation, sera finalement cotée sur le London Stock Exchange. Dans ce communiqué, Jacques Nasser, le directeur général du groupe, explique que cette scission devrait simplifier la gestion de BHP Billiton et (paradoxalement) créer plus de valeurs pour les actionnaires.
L’initiative doit encore recevoir plusieurs approbations dont celles des régulateurs des marchés financiers des pays impliqués dans le processus (Grande Bretagne, Etats-Unis, Afrique du Sud, Australie et autres) mais aussi celle de ses actionnaires. Initialement, il était annoncé que la nouvelle entité sera basée à Perth et cotée en Australie, avec une deuxième cotation en Afrique du Sud. Évoquée dans les échanges avec les actionnaires, Londres était jugée trop chère et trop complexe.
Aussi, l'opération est au centre des analyses d'experts en investissement de toute sorte. Le groupe a indiqué que les actions de la nouvelle entité seront distribuées à ses actionnaires, seulement, cela contraindrait ses investisseurs britanniques à revendre les leurs. Leurs mandats ne leur permet pas d'investir sur des titres dont la cotation initiale est effectuée sur des marchés financiers autres que ceux de Londres (dans le cas de BHP, Perth en Australie) .
Pourtant, et selon Sasha Narishkine, une experte de la firme d'investissement Vestact intervenant sur une radio sud-africaine, l’initiative de cette introduction londonienne a tout son sens. La place financière britannique se présente comme le cœur de la finance européenne et pour toute entreprise qui veut se donner de la valeur et une exposition efficace aux yeux des investisseurs, elle semble un endroit indiqué.
Face à une conjoncture internationale et des contextes locaux difficiles, les dirigeants des entreprises minières font face à des sollicitations diamétralement opposées mais d’égales importances. D’un côté, il y a la hausse des coûts opérationnels et la pression qu’elles exercent sur les marges, et de l’autre côté, il y a les investisseurs qui demandent que les dividendes reversés soient de plus en plus intéressants.
Il reste désormais à savoir si les investisseurs de BHP Billiton donneront leur aval à cette opération de scission que des analystes cités par Bloomberg présentent comme l'une des plus audacieuse de la dernière décennie. Il y a une semaine, AngloGold Ashanti qui avait annoncé une opération analogue de restructuration, est revenue sur ses positions, face à la pression de ses actionnaires.
Dans sa lettre adressée à ses investisseurs sud-africains, le geant minier se dit confiant quant au soutien des investisseurs. Les avis sur la question sont pourtant bien partagés. A Londres où le groupe BHP est coté, ses titres ont débuté la journée du 26 septembre sur un recul de 0,57% et en Australie il était en recul de 1,7% vers la fin de journée et en Afrique du sud il a débuté sur une petite hausse (+0,20%)
Idriss Linge
Sofitel Manhattan, NY, USA