(Agence Ecofin) - Intervenant en conférence à Lagos, au Nigéria, Paul Polman (photo), le président directeur général du groupe agro-industriel Unilever a déploré les coûts de production sur le continent africain. « Il nous revient moins cher d'importer de l'OMO (une des marques du groupe) du sud-est de l'Asie, plutôt que de le produire ici (au Nigéria) », a-t-il fait savoir ajoutant: « Cela n'a pas de sens ». Toujours dans le même contexte, M. Polman a expliqué que ce dont l'Afrique a besoin c'est d'une bonne gouvernance, une justice équitable et un système social respectueux des droits et de la dignité humaine. Il estime aussi, que la classe des affaires attend des politiques, de la clarté, la confiance et du courage dans la prise des décisions.
Malgré ce tableau peu réjouissant, le PDG d'Unilever est resté positif. Il pense que les investisseurs doivent se préparer à mener des opérations durables lorsqu'ils arrivent en Afrique.
Rappelons que, pour l'exercice 2013, le chiffre d'affaires de la filiale nigériane du groupe a progressé de 8%, terminant à 60 milliards de nairas (372,8 millions $), soutenue notamment par une bonne campagne marketing. Mais dans le même temps, son revenu net durant cette période de référence a reculé de 14% comparé à l'année 2012, du fait précisément de la pression sur ses coûts d'exploitation.
La position de M. Polman ne semble pas partagée par tous. Intervenant dans un autre cadre, Tony Elumelu, un des richissimes hommes d'affaire nigérians, a fait savoir qu'il est possible de vivre en Afrique, d'y investir et de réaliser des profits intéressants. Pour sa part, le président Macky Sall du Sénégal a indiqué que les risques en Afrique étaient surévalués.
Fin avril dernier, le PDG d'Unilever a annoncé que le groupe agroalimentaire reprendrait ses investissements au Nigéria, avec la construction prévue en 2014 d'une nouvelle usine qui, globalement, devrait coûter 150 millions $.
Idriss Linge
Bruxelles, Belgique - Paying More for a Sustainable Cocoa.