(Agence Ecofin) - En Afrique, si le taux de pénétration de l’internet est encore jugé relativement faible, il n’en est pas de même du mobile. Selon l’Association des opérateurs mobile (GSMA), le continent est le deuxième marché émergent mondial en termes de téléphonie mobile avec près de 600 millions d’abonnés. Il dépassera les 900 millions d’ici 2015. Au quotidien, les échanges téléphoniques produisent une masse colossale de données. Ces millions de données, stockées et archivées par les opérateurs télécoms représentent également du Big Data. Dans les pays comme le Kenya, cette masse de données a fini par susciter l’intérêt du gouvernement et de quelques organisations qui ont décidé de l’exploiter pour ressortir des informations qui permettraient d’améliorer les conditions de vie des populations. Des initiatives comme MajiVoice (Voix de l’eau) ont alors vu le jour.
Améliorer l’accès à l’eau au Kenya
L’accès à une eau saine fait partie des priorités politiques du Kenya. Dans ce pays où 75% de la population détient un téléphone portable, lesgroupes d’action pour l’eau ont décidé d’agir en tirant les avantages qu’offre la technologie. À travers la plateforme MajiVoice, les citoyens et les fournisseurs de services échangent par SMS pour signaler en temps réel les problèmes sur l’accès à l’eau potable. Ce moyen d’action qui donne la possibilité aux citoyens d’envoyer, recevoir et partager de meilleures informations utilise ainsi leurs millions de SMS pour coordonner et centraliser une multitude de données sur l’eau. Le but final étant l’optimisation de la fourniture de services. Au Kenya, d’autres initiatives utilisant les Big Data ont été lancées. Dans le domaine de la santé, on peut citer la recherche menée par des équipes de chercheurs d’université pour comprendre la propagation du paludisme dans le pays.
Maîtriser le paludisme
Les scientifiques ont exploité les données émises par 15 millions d’utilisateurs de mobiles entre 2008 et 2009. En reliant leurs appels et leurs SMS avec les 12 000 antennes mobiles du pays, ils ont pu déterminer la localisation principale de chaque utilisateur. Puis, ils ont reconstitué les déplacements de chaque utilisateur du mobile à partir de ce point de localisation et les ont fait correspondre avec la dissémination estimée du paludisme. L’étude a alors établi que si des mouvements massifs de populations se sont produits entre les régions situées autour de Nairobi, la capitale du pays, la plupart de ces mouvements n'ont eu qu'un faible impact sur la transmission du paludisme, car la majorité des personnes n’étaient pas infectées. Cependant, l’étude a démontré l’existence d’un foyer autour du lac Victoria, à partir duquel la maladie s’est propagée. En Côte d’Ivoire, c’est dans de nouveaux projets d’infrastructures urbains que le Big Data mobile a fait bouger les choses.
Comprendre l’univers en Afrique du Sud
S’il y a un projet fort ambitieux dans lequel la « nation arc-en-ciel » s’est lancée à travers le Big Data, c’est celui de décrypter les mystères de l’univers. Le pays compte y arriver avec l’aide de l’Institut néerlandais de radioastronomie (ASTRON) et l’entreprise américaine IBM. En début d’année, le Square Kilometer Array (SKA) sud-africain, une entité de la Fondation nationale de recherche d'Afrique du Sud, a rejoint ces deux entités dans ce programme scientifique. Pendant quatre ans, les trois vont travailler autour d'un système informatique extrêmement rapide, mais de basse consommation, pour gérer l’énorme quantité de données qui sera produite par le SKA. En effet, lorsque le SKA sera terminé, il recueillera des milliards de tonnes de données issues du fin fond de l’espace et contenant des informations datant du Big Bang, soit de plus de 13 milliards d’années. Les antennes paraboliques du SKA produiront dix fois le trafic mondial Internet et la capacité à traiter toutes ces données dès leur collecte dépasse de très loin toutes les technologies de pointe actuelles.
Par Muriel Edjo pour le magazine Réseau Télécom No 64.
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