Le Maroc envisage une réforme de ses subventions alimentaires

  • Date de création: 07 janvier 2013 09:58

(Agence Ecofin) - Le gouvernement marocain pourrait lancer en juin une réforme de son système coûteux de subventions d'Etat aux produits alimentaires et à l'énergie, a déclaré le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif.

Selon une dépêche diffusée vendredi soir par l'agence de presse officielle MAP, le ministre indique que, techniquement, la réforme du système des subventions est fin prête. « Une fois que les discussions seront bouclées et que la décision politique sera prise, elle sera lancée », a-t-il dit rapporte Reuters.

La facture des subventions étatiques aux denrées alimentaires et au secteur de l'énergie a explosé pour atteindre 53 milliards de dirhams en 2012 ($ 6,25 millions), soit 15% du total des dépenses publiques, contre 48,8 milliards en 2011 et 29,8 milliards en 2010. Cette hausse correspond à d'importantes dépenses de la part de pouvoirs publics soucieux de garantir la paix sociale dans le sillage du printemps arabe du début 2011, ailleurs dans la région.

Avec l'appui du FMI, Rabat cherche aujourd'hui à rétablir ses finances en réduisant les subventions et en privilégiant les aides aux plus défavorisés. La réforme des subventions est très sensible politiquement dans un pays qui a connu des manifestations de rue pour réclamer plus de démocratie et une meilleure gestion de l'économie dans la foulée du printemps arabe.

Ce mouvement de contestation s'est effiloché après que le roi Mohamed VI eût accepté d'imposer des limites constitutionnelles à ses prérogatives et de confier le soin de former le gouvernement à un parti islamiste à l'issue d'élections. Le Palais continue toutefois de jouer un rôle décisionnaire clé sur les grandes questions.

Les autorités envisagent de remplacer le système actuel de subventions avec des versements en liquide mensuels de 1000 dirhams à deux millions de foyers les plus nécessiteux. Si la réforme est menée intégralement et jusqu'à son terme, cela pourrait ramener la facture à 24 milliards de dirhams par an.

Le ministre a précisé que la réforme prendrait environ quatre ans et pourrait en soi faire passer le taux officiel d'inflation, qui est inférieur à 2%, à 7%. Lors d'un débat au Parlement, le ministre des Finances, Nizar Baraka, a déclaré de son côté que la réforme risquait d'appauvrir les classes moyennes.

En août, le FMI a approuvé une ligne de crédit de précaution de 6,2 milliards de dollars en faveur du Maroc sur une période de deux ans tout en prônant une réforme du système des subventions. L'institution de Bretton Woods n'a toutefois établi aucun lien formel entre l'aide et la réforme.