Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Avis d Expert
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève
logomenuagenceecofin

Total Sénégal montre l’exemple

Les choses sont finalement assez simples. Pour développer leurs activités et financer leurs investissements, les chefs d’entreprises de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) n’ont que quatre possibilités. Ils peuvent recourir à l’emprunt bancaire, mais comme chacun sait les banques commerciales de la sous-région rechignent à transformer leurs dépôts en financements auprès du secteur privé. En effet, les banques marquent encore une préférence pour des placements sans risque comme les émissions obligataires, notamment souveraines, ou pour une situation de surliquidité. Quoi qu’il en soit, au final, les garanties exigées des entrepreneurs leurs rendent difficile l’accès au crédit.

À défaut, les chefs d’entreprises sont donc souvent contraints de se financer sur fonds propres. Cela a même été pendant longtemps le modèle sous-régional dominant : un entrepreneuriat familial et patrimonial opérant sur des marchés à forte rentabilité et s’autofinançant sans trop de difficulté. Mais aujourd’hui, ce schéma est dépassé si nous voulons favoriser l’émergence de véritables champions africains disposant de trésorerie et de capitaux en quantité suffisante pour asseoir une stratégie de développement devant conduire à une intégration régionale et à une croissance inclusive.

Troisième possibilité, l’Afrique commence à attirer les fonds internationaux de private equity. Cette évolution est bénéfique car cet afflux de capitaux (25 milliards de dollars d’actifs sous gestion selon l’association AVCA) s’accompagne d’un apport d’expertises reconnues, d’une plus grande rigueur dans la gestion, de transferts de compétences et d’une indéniable montée en gamme dans les méthodes de management et de gouvernance. Mais nous risquons à terme d’être confrontés à un phénomène de bulle sur les valorisations car il se trouve que les appétits des investisseurs internationaux et leurs possibilités financières sont plus élevés que les capacités d’absorption des entreprises africaines ciblées. C’est notamment le cas dans le secteur bancaire où il faut parfois débourser jusqu'à trois fois la valeur des fonds propres pour acquérir un établissement africain. Il se pose alors nécessairement la question de la sortie du fonds, de son rendement, et des exigences que cela implique. Se pose également la question d’une désappropriation des leviers économiques africains au profit d’acteurs « off shore ».

Heureusement, le marché financier africain offre à présent une quatrième possibilité, moins coûteuse que le prêt, plus dynamique que l’autofinancement et plus adaptée aux valorisations africaines que le private equity. Ce sont les Bourses africaines dynamisées par une épargne locale abondante (plus de 20 % du PIB). Elles étaient seulement une douzaine en 2000 pour une capitalisation de 257 milliards de dollars. Le continent compte aujourd’hui 23 Bourses affichant une capitalisation de plus de 1100 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB subsaharien. En clair, les Bourses africaines sont en mesure de financer nos économies africaines.

La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan est à l’image de cet essor avec des performances historiques ces deux dernières années. Avec 37 sociétés cotées, la capitalisation du marché des actions est passée de 4000 milliards de FCFA, le 31 décembre 2012, à plus de 6200 milliards actuellement. En 2013, ces 37 sociétés cotées ont assuré une rentabilité moyenne aux investisseurs-épargnants (dividende + plus value par rapport à la valeur boursière en début d’année) de 69,52 %.

La BRVM constitue donc à présent une source alternative de financement solide, pérenne et performante. Et qui plus est au bénéfice de tous : les entreprises obtiennent du capital, se valorisent et s’enracinent localement, les investisseurs optimisent l’épargne locale et les dirigeants politiques capitalisent sur l’actionnariat populaire pour insuffler une dynamique économique collective.

La récente offre publique de vente de Total Sénégal, lancée le 8 octobre, le démontre allègrement. La cession de 8,9 % du capital de la filiale sénégalaise du groupe français, pour un montant de 3,48 milliards de F CFA, a suscité un engouement historique. En moins de huit jours, plus de 5 000 souscripteurs ont souscrit à cette émission ! Essentiellement des petits porteurs.

Cet exemple est à méditer avec confiance et optimisme, notamment en Côte d’Ivoire où les autorités ont annoncé la privatisation de quinze entreprises et marqué une préférence pour un recours au marché boursier.

Mais plus généralement, c’est bien dans l’ensemble des pays de la zone UEMOA qu’un cercle vertueux prend forme. Cotation continue, entrée dans les indices internationaux MSCI et S&P, prochaines introductions attendues, mise en place rigoureuse du compartiment PME, la BRVM est à présent aux standards internationaux. Les vingt et une sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI) développent leurs portefeuilles de clientèles et proposent des produits adaptés pour apporter de la profondeur et de la liquidité au marché, comme les Fonds communs de placement (FCP). Les acteurs du private equity envisagent de plus en plus d’opérer leurs sorties en Bourse. Ils en parlent, ils vont le faire. Enfin, les patrons d’entreprises, devenus de véritables entrepreneurs, analysent le marché financier régional, non plus comme un risque mais comme un levier de croissance.

Depuis la dernière introduction, en avril 2010, de Bank of Africa Côte d’Ivoire, l’écosystème financier de l’UEMOA est en train de changer de nature. Total Sénégal aura montré l’exemple.

 

La convergence des environnements juridiques et fi...
Comment les médias traditionnels bâtissent aussi l...

Related Posts

Avis d'expert Finance

No post has been created yet.

Avis d'expert Télécom

No post has been created yet.

Avis d'expert Agro

No post has been created yet.

Avis d'expert Mines

No post has been created yet.

Avis d'expert Comm

No post has been created yet.

Avis d'expert Droits

No post has been created yet.

Avis d'expert Energie

No post has been created yet.