Le Burkina Faso renonce «temporairement» au coton OGM

  • Date de création: 12 mai 2012 04:09

(Agence Ecofin) - Le Burkina Faso avait fait figure de pionner avec l’adoption en 2008 des OGM pour la culture de coton et Monsanto comptait bien en faire une tête de pont pour inciter les autres pays producteurs de coton à adopter ces nouvelles technologies. Seule l’Afrique du Sud les pratiquait.

Pour la nouvelle campagne, 2012/13, le Burkina Faso revient au coton conventionnel. «Un retour en arrière, qui ne se justifie pas tant par des rendements qui ne se sont pas avérés très concluants ou par le mécontentement des producteurs, mais par un processus d’adaptation qui a été sans doute trop rapide», estime Gérald Estur, consultant indépendant.

De 2003 à 2005, le Burkina Faso a expérimenté le coton Bt (Bollgard II), puis l’a vulgarisé progressivement à partir de la campagne 2008/09 pour atteindre 70% des superficies en 2011/12. Avec ce changement d’échelle a été mise à jour la perte de la qualité de la fibre bukinabè avec une longueur de soie raccourcie. «Lors du processus de préparation de la semence hybride, fruit d’un croissement entre des variétés burkinabé et américaine, on n’a pas éliminé un caractère américain qui est une fibre plus courte » indique Gérald Estur. Résultat, une qualité et un prix de vente en baisse. Le coton burkinabé est dorénavant directement en concurrence avec le coton pakistanais, qui se négocie à un prix inférieur, d’environ 8 cents la livre. « Une catastrophe commerciale » selon Gérald Estur.

Le Burkina Faso est dans l’expectative et a fait le choix de retourner temporairement au coton conventionnel. Une orientation qui pourrait s’étendre sur trois campagnes, le temps de mettre au point une nouvelle semence hybride mais aussi de renforcer l’encadrement et la formation des cotonculteurs.

La Sofitex a aussi pris les devants, en plaçant par anticipation entre 70 et 80% de sa future récolte (2012/13) et en bénéficiant de prix de vente encore attractifs, au-dessus de leur prix de revient.