(Agence Ecofin) - La directrice générale de la filiale au Nigéria du groupe énergétique Total, Elisabeth Proust (photo), a, selon des média nigérians, annoncé la finalisation par l'entreprise, à sa charge, de la construction d'un oléoduc gazier d'un coût global de 900 millions $. L'ouvrage permettra à l'entreprise de transporter du gaz de son champ pétrolier 58 jusqu'à une station thermique à gaz de 980 mégawatts située dans l'Etat fédéré d'Abia.
Seulement en même temps qu'elle faisait cette déclaration, Mme Proust a indiqué qu'il était souhaitable que le prix de livraison de ce gaz soit multiplié presque par 3 (partir de 2,5 $ le million d'unité thermal britannique à 7 $). « Nous avons investi pour la construction de cet énorme pipeline qui est long de 50 kilomètres... L'évolution récente des prix du gaz n'est pas suffisante pour avoir un juste retour de cet investissement. J'espère que nous pourrons avoir de meilleurs prix et ainsi, nous pourrons récupérer de notre investissement », a-t-elle fait savoir.
Difficile de savoir si le modèle d'affaire de l'investissement prenait en compte une éventuelle hausse des prix du gaz au Nigéria, mais Total Nigeria a fait savoir que la centrale thermique d'Alaoji n'est que son premier client, et que le pipeline devrait servir à alimenter des usines et autres industries implantées dans cet état fédéré nigérian.
Cette requête pour une hausse des prix du gaz survient dans un contexte général de discussion entre le gouvernement fédéral nigérian et les entreprises du secteur gaz et pétrole (7% du PIB du pays) qui mettent de plus en plus la pression sur le gouvernement de Goodluck Jonathan afin d’obtenir un cadre légal plus attractif (Petroleum Industry Bill). Le projet de révision de la loi pétrolière introduit de nouvelles taxes, ce qui n'est pas du goût des opérateurs. Il y a une semaine, Elisabeth Proust intervenant sur le sujet, a agité le risque de voir plusieurs majors du secteur aller dans des pays aux lois plus attractives comme le Mozambique. Plusieurs experts proches des entreprises pétrolières (Exxon ENI), ne manquent pas de soutenir le même argument.
La forte croissance du pays s'accompagne pourtant d'un ensemble de défis, dont celui du gap énergétique. Intervenant le weekend dernier à l'occasion d'une conférence organisée à Lagos, Ayo Shote, le Directeur exécutif de Baker Hughes Nigéria a fait savoir que les investissements dans le domaine de l'énergie s’accroîtront globalement en Afrique, avec une forte concentration au Nigéria.
Sur le Nigerian Stock Exchange, le titre Total se négociait à 182 nairas en progression de 0,54%. Ses actions avaient déjà terminé la première journée de la semaine sur une hausse de 0,98%, effectuant la meilleure performance de la journée. Le secteur pétrole et gaz auquel appartient le groupe français sur le marché financier nigérian affiche lui un recul de 0,83%
Idriss Linge