Congo : un nouveau scandale de corruption dans le secteur pétrolier
(Agence Ecofin) - Cinq ans après avoir été accusé d’avoir versé plus de 30 millions de dollars de pots-de-vin à des officiels congolais en marge d’un contrat d’achat de pétrole, le négociant suisse Gunvor vient d’être formellement mis en prévention par la justice suisse, informe Le Temps.
Pour cause, une vidéo réalisée en 2014 montrant un ancien dirigeant de l’entreprise en train de détailler le versement de pots-de-vins à des officiels congolais, a fait surface et est désormais aux mains de la justice suisse. Dans l’enregistrement, le responsable était en présence d’un intermédiaire français employé par Gunvor dans le pays.
L’ancien responsable de Gunvor a d’ailleurs affirmé qu’il a été piégé et prétend que ses propos dans la vidéo étaient des paroles en l’air, qu’il a agi seul, sans mandat de sa hiérarchie, et qu’il n’y a eu aucun versement à des officiels congolais. Il devrait bientôt comparaitre devant les tribunaux suisses. Un aveu confirmé par l’entreprise : «Dès que nous avons entendu parler d’une vidéo censée révéler une conduite répréhensible de cet employé, Gunvor a immédiatement informé le MPC et conduit une investigation interne, explique la société dans une longue déclaration écrite. L’ancien employé a confirmé au MPC avoir agi de son propre chef, indépendamment de la compagnie.»
Toutefois, la justice suisse accuse le groupe genevois d’avoir échoué à prévenir la corruption en son sein. Dans un communiqué publié peu après la diffusion de la vidéo, l’entreprise a annoncé que la justice suisse s’apprête à examiner « d’éventuelles défaillances organisationnelles» qui auraient pu conduire à des actes de corruption.
Pour Le Temps, il convient de se poser deux questions dans ce cas de figure : ces commissions ont-elles été mises en place par un employé indélicat ou faisaient-elles partie d’un vaste réseau de corruption validée au plus haut niveau de l’entreprise ? Des questions auxquelles tenteront de répondre l’enquête en cours pour élucider l’affaire et situer les responsabilités.
Il faut rappeler qu’entre 2010 et 2012, le négociant suisse avait obtenu, hors appel d’offres et dans des circonstances obscures, un contrat d’achat de 2,2 milliards de dollars avec un profit net d’environ 144 millions de dollars sur 22 cargos. C’est l’équivalent d’environ 20 % de la production annuelle du pays.
C’est à la suite de ce scandale que Gunvor a, pour la première fois été accusé de corruption dans le pays. Cette affaire a d’ailleurs provoqué son retrait du pays. Gunvor a alors assuré avoir développé « des mécanismes stricts à l’interne pour prévenir tout acte de corruption ». Il a aussi indiqué qu’il « ne savait rien d’éventuels versements de son développeur et de ses agents à des officiels congolais ».
Olivier de Souza
