(Agence Ecofin) - Le Moyen-Orient assure 40% des importations chinoises en hydrocarbures, 65% de celles de l’Inde et seulement 14% de celles des USA. C’est maintenant à l’Est que tout se joue…
Sur le plan énergétique, tous les BRIC ne sont pas logés à la même enseigne. Si le Brésil et la Russie restent de grands fournisseurs d’énergie, l’Inde et la Chine doivent anticiper leurs déficits énergétiques pour faire face à leur croissance économique et démographique. La concurrence entre les deux puissances asiatiques pour l’accès aux ressources énergétiques devrait naturellement s’accroitre.
La Chine sur les traces des USA
En 2010, la Chine est devenue le premier pays consommateur d’énergie au monde, devant les Etats Unis. Il y a 15 ans, elle importait 8% de ses besoins pétroliers. Elle en importe aujourd’hui 60%, en dépit d’un développement volontariste des énergies renouvelables. Il était donc vital pour le géant chinois de se rapprocher de plusieurs pays producteurs, à commencer par le Moyen-Orient, notamment l’Arabie saoudite et l’Iran, qui lui assure près de 40% de ses importations.
A l’instar des Etats-Unis, mais à l’inverse de l’Inde, la Chine a également encadré sa stratégie énergétique de moyens militaires conséquents, organisant des manœuvres militaires communes avec les pays fournisseurs et jalonnant les routes d’approvisionnement de nombreuses bases et autres observatoires. Sur le plan des investissements, Pékin, à travers les compagnies CNPC et CNOOC, s’est massivement impliqué dans les infrastructures énergétiques, notamment d’Arabie saoudite et d’Irak.
L’Inde en challenger
Les besoins de l’Inde ne sont pas moins gigantesques. Ses importations de pétrole ont plus que doublé depuis 10 ans et représentent près de 90% de sa consommation. Une dépendance qui pourrait doubler dans les vingt prochaines années.
C’est également au Moyen-Orient que le géant indien va chercher l’essentiel de son pétrole et de son gaz (65% de ses importations). Et c’est là où le bât blesse, car la Chine, les Etats-Unis et le Japon sont également friands du même gâteau énergétique.
Si la Chine semble avoir jeté son dévolu sur le port de Gwadar (un port pakistanais proche de la frontière iranienne) pour en faire son hub énergétique, c’est depuis Chabahar (port iranien proche de la frontière pakistanaise…) que l’Inde compte bâtir son autoroute énergétique.
Un derby sino-indien
Contrairement aux idées reçues, le Moyen Orient ne compte que pour 14% dans les importations américaines d’hydrocarbures, alors qu’il subvient pour plus de la moitié aux besoins des pays asiatiques. C’est donc à un derby sino-indien que l’on devrait assister dans les prochaines années sur les bords des golfes Persique et d’Oman. Et le détroit d’Ormuz pourrait bien devenir au XXIème siècle ce que fut le canal de Suez au XXème.
DF