(Agence Ecofin) - La Société Anonyme Marocaine des Industries du Raffinage (SAMIR), a cédé pour environ 420,4 millions de dirhams d'actifs immobiliers (1000 dirhams = 93,5 euros), a-t-on constaté à la lecture des résultats financier de l'entreprise, qui ont été publiés le 31 mars à l'endroit des investisseurs de la Bourse de Casablanca. L'initiative a eu pour conséquence, de voir les revenus exceptionnels atteindre 437 millions de dirhams, contre seulement 12,17 millions de dirhams en fin 2013
Avec des charges exceptionnelles plutôt légères (29 millions de dirhams), les revenus exceptionnels net ont terminé à 408,8 millions de dirhams, contre un peu plus de 3 millions de dirhams en 2013. Cela n'aura pas suffi à soutenir l'entreprise, dont les performances opérationnelles ont été négatives. Malgré une hausse des volumes de vente, le chiffre d'affaires a confirmé le profit warning émis par le groupe le 10 décembre 2014 dernier.
Il s'affiche à 42,63 milliards de dirhams au terme de la période de référence, et avec des charges d'exploitation de 46 milliards de dirhams (en baisse comparé aux 51 milliards de dirhams de 2013), le résultat d'exploitation est sorti négatif à - 3,32 milliards de dirhams, contre un excédent d'exploitation de 841,36 millions de dirhams en 2013.
Bien plus l'entreprise a réalisé un résultat financier négatif, plombé par des charges d'intérêts qui ont augmenté pour atteindre près de 800 millions de dirhams. Dans ces conditions, le résultat courant est sorti à -3,7 milliards de dirhams, contre un résultat positif de 441,2 millions de dirhams en 2013. Le résultat net, pour sa part, affiche une perte de 3,2 milliards de dirhams, contre un bénéfice de 320,15 millions de dirhams en 2013.
Le Marché financier marocain a sanctionné cette contreperformance, et le titre SAMIR, a terminé la journée du 1er avril 2015 sur une baisse de 3,6%, accentuant la perte de valeur à -33,6% depuis le début de l'année en cours. Un sentiment négatif des investisseurs qui peut être compréhensible. Jusqu’ici le groupe, qui s'est récemment diversifié dans la distribution de produits d’hydrocarbures, ne souffrait que de défis structurels liés à son endettement.
Bien qu'en recul, la dette de l'entreprise reste assez importante. Elle est constituée en partie de dettes de financement (emprunts obligataires et autres dettes) qui ont légèrement reculé mais restent toujours au-dessus de 9 milliards de dirhams. De l'autre côté, on a le passif circulant qui recule à 11,8 milliards de dirhams (13,4 milliards de dirhams en 2013), mais qui est constitué en grande partie des sommes dues à des fournisseurs (donc à une échéance de court terme)
Aujourd’hui, l’entreprise doit aussi faire face à des défis de conjoncture. Une baisse des prix du pétrole, qui a eu un impact sérieux sur la valorisation des stocks déjà acquis. C’est dans ces conditions financières que l'entreprise a annoncé avec avoir démarré des négociations avec un fond d’investissement international dont l'identité n'a pas été révélée, pour un éventuel renforcement de ses fonds propres. Même en difficulté, l’entreprise est le deuxième groupe du Maroc par les facturations, et assure les deux tiers des approvisionnements en carburants du pays.
Rappelons que le groupe marocain de raffinage et de distribution est détenu majoritairement par Corral Petroleum Holding Maroc, contrôlé par l'investisseur saoudien d'origine éthiopienne Mohammed Al Amoudi via une holding suédoise. Son avenir risque d’alimenter bien de discussions sur la place financière de Casablanca, les petits porteurs étant désormais très vigilants quant à la protection de leurs intérêts.
Idriss Linge