(Agence Ecofin) - La décision du Nigéria d’interdire l’allocation de devises étrangères à l’acquisition de certains produits, a boosté l’activité du plus grand producteur d’huile de palme du pays. En effet, Presco Plc, fabricant d’huile de cuisine, basé à Benin City, a indiqué que son bénéfice a plus que doublé, sur le dernier semestre, alors que ses ventes ont bondi de 60%. «Cette politique a contribué à augmenter nos volumes puisque des gens qui auraient normalement importé de l’huile de palme ne le font plus», a déclaré Felix Nwabuko, directeur de la compagnie, à Bloomberg.
En Juin 2015, la banque centrale du pays qui était alors la première économie d’Afrique, avait décidé de ne plus allouer de devises à l’achat de 41 produits incluant l’huile de palme et les textiles. Cette décision est intervenue dans le sillage de la chute du naira contre le dollar dans un contexte de recul des cours mondiaux du pétrole, la principale source de devises étrangères du pays. Pour Presco Plc, cependant, cette décision ne présente pas que des avantages. Ainsi, la compagnie qui importe ses engrais, ses produits chimiques et ses équipements (notamment les pièces de rechange de ses machines) n’accède que difficilement aux ressources étrangères et ceci grève ses activités. Ainsi, confie M. Nwabuko, «20% de nos coûts sont liés aux difficultés d’accès aux devises étrangères».
Pas question cependant pour l’entreprise de ralentir dans son développement puisqu’elle mise sur l’exportation des noix de palme pour augmenter ses revenus et générer des devises étrangères et, ainsi, atténuer l’impact de la situation actuelle. «Quand on considère la situation actuelle et qu’on se projette dans le futur, cela semble une décision pertinente», commente le dirigeant. Ces exportations ont déjà contribué à 5% du CA de la compagnie, sur la période allant de janvier à août, et Presco pense à faire passer sa capacité de transformation de noix de palme, de 60 tonnes/jour à 100 tonnes/jour, à l’horizon 2018.
Si la compagnie n’entend pas exporter sa production d’huile de palme - «le marché local est suffisant et quand on compare les prix, il n’y a aucun intérêt à exporter de l’huile de palme à partir du Nigéria», affirme Félix Nwabuko - elle veut cependant augmenter ses superficies consacrées à l’oléagineux. Ainsi, ses plantations d’huile de palme passeront à 31 400 hectares, en 2021, contre 16 900 hectares actuellement, tandis que sa capacité de production passera de 60 tonnes/heure à 120 tonnes/heure.
Au Nigéria, la demande pour l’huile de palme est supérieure à la production. Ainsi, le pays qui a produit quelque 930 000 tonnes, en 2013, a consommé 1 405 000 tonnes de la denrée, selon les données du département américain de l’agriculture.
Aaron Akinocho
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.