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Greenpeace accuse Herakles Farms d’exploitation forestière illégale à travers une société écran camerounaise

  • Date de création: 31 mai 2014 17:50

(Agence Ecofin) - L’ONG internationale Greenpeace a présenté le 27 mai 2014 à Yaoundé, dans la capitale camerounaise, le rapport d’une enquête révélant que «l’entreprise américaine Herakles Farms, à travers une société écran, aurait agi de connivence avec le ministre camerounais des forêts et de la faune (qui n’a pas réagi à cette accusation jusqu’ici, Ndlr), pour obtenir illégalement un permis d'exploitation forestière dans une partie de la concession foncière qui lui a été accordée en novembre 2013. Herakles Farms se prépare à exporter vers la Chine du bois coupé en violation de la législation camerounaise».

En effet, révèle Greenpeace, en  janvier 2014, une «entreprise peu connue» dénommée Uniprovince, qui a été rachetée quelques temps plus tôt par la filiale camerounaise d’Herakles Farms, a obtenu du ministère des Forêts «un titre d’exploitation forestière (vente de coupe n° 11-02-10) portant sur 2.500 hectares. La vente de coupe se situe à l’intérieur de la concession d’Herakles Farms, dans la zone où l’entreprise a conduit la plupart de ses activités d’exploitation forestière illégale, avant même la signature du décret présidentiel lui octroyant une concession foncière provisaoire en novembre 2013».

Cependant, fait remarquer Greenpeace, «cette vente de coupe a été attribuée en violation flagrante de la législation forestière camerounaise. En effet, la loi précise que les ventes de coupe ne peuvent être octroyées que dans le cadre d’appel d’offres, ce qui n’a pas été le cas de celle accordée à Uniprovince». Ensuite, apprend-on, «la vente de coupe n° 11-02-10 est d’autant plus suspecte qu’elle ne figure pas dans la liste la plus récente des titres d’exploitation forestière en cours de validité publiée par le ministère des Forêts le 10 mars. Or, elle date du 28 janvier 2014, et le certificat correspondant a été délivré le 6 février, soit plus d’un mois avant la publication par le ministère de la liste des titres en cours de validité pour l’année 2014».

Des dénonciations répétées

Aussi, Irène Wabiwa, la responsable de la campagne forêt de Greenpeace Afrique, conclut-elle que cet oubli ressemble, «de toute évidence, à une tentative délibérée de dissimulation d’une décision illégale prise en faveur d’une entreprise derrière laquelle se dissimule Herakles Farms». Face à ce énième dérapage d’Herakles Farms révélé par les organismes de la société civile nationale et internationale, Greenpeace en appelle à l’intervention de l’Etat camerounais, «afin que la totalité du stock de bois soit immédiatement saisie et que la vente de coupe illégalement attribuée soit annulée. Une enquête doit être ouverte pour déterminer les responsabilités et prendre les mesures qui s’imposent à l’encontre de toutes les personnes impliquées dans l’attribution de cette vente de coupe».

En rappel, la firme Herakles Farms a finalement obtenu en novembre 2013, une concession foncière provisoire sur 20 000 hectares, pour l’exploitation du palmier à huile dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. Mais, c’est en 2009 que cette entreprise agro-industrielle a signé avec le gouvernement camerounais, une convention d’établissement induisant la cession de  73 000 hectares de terres. Cependant, des ONG internationales telles que Greenpeace et Oakland Institute, relayées localement par le CED, ont toujours accusé la filiale camerounaise d’Heracles Farms de bafouer les droits des riverains des différents sites du projet, et même d’atteinte à la réglementation en matière de protection de l’environnement au Cameroun.

Ce concert de dénonciations des ONG, en plus des plaintes des populations environnantes, avaient conduit le ministre des Forêts et de la Faune, Philip Ngole Ngwese, à suspendre temporairement les activités d’Herakles Farms, officiellement pour atteinte à la législation forestière en vigueur dans le pays. Mais cette mesure avait été levée quelques semaines plus tard, en  mai 2013. Soit six mois avant le décret présidentiel octroyant officiellement une concession sur 20 000 hectares à l’entreprise américaine.

BRM

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