Guinée: Cellou Dalein Diallo noue une alliance électorale surprenante avec l'ex-chef de la junte

(Agence Ecofin) - Le chef de file de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo a annoncé, le 23 juin, une alliance avec son ancien adversaire, l'ex-chef de la junte militaire Moussa Dadis Camara dans l'optique de la présidentielle d'octobre 2015. M. Diallo a précisé avoir  constaté «des convergences de vues» avec le capitaine Camara, précisant s'être déjà entretenus avec lui à plusieurs reprises ces dernières années.

Parmi ces points d'accord, le chef de l'opposition a cité «la tribalisation du débat politique, le tripatouillage, ou si vous voulez, le fichier électoral charcuté, le refus de respecter l’ordre normal des élections». «Sur toutes ces questions, l’ancien président de la junte et moi avons les mêmes analyses, les mêmes points de vue et surtout nous avons exprimé, chacun de son côté, la nécessité d’une alternance politique dans notre pays. C’est pour quoi nous allons essayer de travailler ensemble», a-t-il expliqué.

L'opposition, qui a organisé au cours des deux derniers mois des manifestations de rue souvent réprimées dans le sang, le président Alpha Condé de préparer des fraudes massives lors de  la prochaine présidentielle, en optant pour l’organisation des élections locales avant la présidentielle.

Selon les opposants, cette inversion du calendrier électoral va ajouter une période supplémentaire d’une année au mandat «déjà illégal et illégitime» des délégations spéciales, des administrations désignées par l'exécutif, faute d'élections locales depuis 2005. Le gouvernement, qui  rejette ces accusations, a engagé un dialogue avec l'opposition qui a abouti à l'annulation de la tenue des élections locales en mars 2016.

Les états-majors de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et des Forces patriotiques pour la démocratie et le développement (FPDD), partis respectifs de MM. Diallo et Camara «vont se retrouver pour voir comment nous allons travailler pour l'instauration d’une vraie démocratie en Guinée», a révélé le chef de l'opposition.

«On va définir les termes de l’alliance, puisque nous sommes en année électorale, et si nous sommes tous candidats et qu'il y a un second tour auquel l’un d’entre nous est admis, l’autre va le soutenir», a poursuivi M. Diallo.

Cette alliance est d’autant plus surprenante et inattendue que les soldats de la junte dirigée par Dadis Camara avaient réprimé dans le sang une manifestation de l'opposition, faisant au moins 157 morts, dont des dizaines de  militants de l'UFDG.