(Agence Ecofin) - En Afrique du Sud, le président Jacob Zuma a déclaré au parlement que le gouvernement sanctionnerait durement les banques locales accusées par le régulateur de la concurrence d’avoir manipulé la devise nationale.
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«Le gouvernement est prêt à sanctionner avec la dernière rigueur la collusion pour la fixation des prix dans le secteur privé afin de préserver l’économie de notre pays, a déclaré le dirigeant.» Il faut souligner que pour le septuagénaire, cette affaire constitue un pain béni. En effet, Jacob Zuma, contesté au sein de son propre parti pour des faits de corruption et de collusion avec la famille Gupta, s’était fendu d’une sortie durant laquelle il s’attaquait à l’hégémonie du «Big four» (Standard Bank, Barclays Africa, FirstRand et Nedbank), l’ensemble de quatre établissements qui dominait le secteur bancaire sud-africain. Aussi peut-il désormais endosser le rôle de chevalier défenseur des classes moyennes et défavorisés face à l’ogre de la finance.
Cette position est également celle de son parti l’African National Congress (ANC), qui a appelé à une sanction sévère : «L’ANC porte un regard extrêmement sombre sur les activités de ces banques. Ces actes de corruption ont clairement exposé la crise éthique qui traverse le secteur bancaire sud-africain. Ceci est une indication supplémentaire de la façon dont les marchés peuvent être manipulés par des oligopoles qui mettent à mal le fonctionnement du systèmes afin de mettre en œuvre leur abominables agendas.» s’est indigné le parti de Mandela.
Il faut noter que ces attaques sont particulièrement bien reçues dans une opinion publique qui voit dans l’institution bancaire un symbole de l’inégalité raciale qui continue à persister dans le pays 23 ans après la fin de l’apartheid. Du côté de l’opposition, on dénonce une politisation opportuniste de cette question.
En effet, l’alliance démocratique (principal parti d’opposition) a affirmé que l’exécutif voulait «en découdre avec les banques sans égard pour les conséquences économiques de cette bataille». Ainsi, expliue Michael Cardo, en charge des questions de développement économique, au sein de l’alliance «Le discours sur l’Etat de la nation de Jacob Zuma, la semaine dernière, montre clairement qu’il veut se servir des autorités en charge de la concurrence comme d’un outil pour atteindre ses visées populistes et réaliser son programme de transformation économie radicale qui est une politique destructrice.».
Alors que l’indice du secteur bancaire a reculé de 1% depuis les révélations d’hier, on se demande de tous les côtés si cette crise n’est pas l’occasion pour Jacob Zuma d’inverser la vapeur et de faire sauter…la banque.
Aaron Akinocho
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