(Agence Ecofin) - C’est désormais une question de formalité, le président Paul Biya du Cameroun a signé le 23 septembre 2015, un décret habilitant son ministre de l’économie, à signer avec la Banque Africaine de Développement un accord de contre-indemnité d’une valeur de 500 millions d’euros (328 milliards de FCFA),
Ce montant fera office de garantie partielle à l’emprunt souverain d’« au plus 750 milliards de FCFA » (1,23 milliard $), que la première économie de la zone CEMAC s’est engagée à effectuer sur le marché international des capitaux. Après le Ghana, qui a reçu une garantie partielle du groupe de la Banque mondiale, le Cameroun est le deuxième pays africain ce trimestre, à solliciter une institution multilatérale notée d’un AAA, pour porter une partie de son risque dans le cadre d’un eurobond.
L’emprunt était en projet depuis le début 2015. Au mois de février, le Cameroun avait mandaté le groupe français Société Générale et la filiale locale du groupe Standard Chartered Bank, comme arrangeurs de l’opération. A ce moment-là, le ministre Alamine Ousmane Mey (photo), en charge des finances, est apparu confiant face à la presse. «Après le marché local et sous régional sur lesquels le Cameroun a respecté tous ses engagements, il est question que nous nous affirmions sur le marché international. Nous sommes confiants, parce que le pays dispose de tous les atouts pour réussir cette première émission d'eurobond de son histoire», avait-il alors confié aux journalistes
Des sources proches du dossier, ayant requis l’anonymat, ont eu à signaler cependant un certain nombre de défis, liés notamment aux difficultés à convaincre des investisseurs à accepter un certain niveau de taux et de maturité. La note B (très spéculatif) sur le long terme avec perspectives stables attribuée par Standard & Poors en avril 2015 n’a rien arrangé, toujours selon ces sources. Cette hypothèse semble se confirmer aujourd’hui avec le recours à l’accompagnement de la BAD.
A l’issue de sa récente visite au Cameroun, le FMI a indiqué que le pays devrait connaitre une croissance de 6% de son produit intérieur brut en 2015. Une nouvelle plutôt positive, dans un contexte international de volatilité des économies. Il s’agit désormais de voir comment réagira le marché face à la nouvelle donne.
Même si l’inflation a continué de descendre sur les quatre dernières années, l’indice des prix à la consommation reste à un niveau plus élevé que celui de 2008. Le pays, sur les cinq premières années de sa stratégie de croissance (DSCE), accuse toujours un point de retard sur les prévisions qu’il s’était données et le déficit commercial cumulé entre 2010 et 2014 a atteint les 2000 milliards de FCFA
Par ailleurs, le produit intérieur brut (PIB) par habitant, encore calculé sur une population de 22,4 millions d’habitant, n’a que très faiblement augmenté et enfin, le ratio d’épargne sur PIB ne progresse pas davantage. Autant d’indicateurs qui seront scrutés par le marché.
Une autre inconnue de l’opération est de savoir si, dans la nouvelle configuration, le groupe Société Générale et la filiale locale de Standard Chartered Bank, seront toujours les représentants du gouvernement camerounais auprès des investisseurs
Idriss Linge
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