(Agence Ecofin) - Le volume global des eurobonds émis par les pays et les entreprises d'Afrique subsaharienne hors Afrique du sud, a reculé de 35% au cours du premier semestre 2015 comparé à celui de la même période en 2014 et se traduisant par une valeur globale de 3,5 milliards $, peut-on constater au regard des données de ces opérations sur la période de référence.
On devrait normalement dépasser ce montant au cours du deuxième semestre en cours, des pays comme le Ghana, le Rwanda, le Sénégal et la Zambie, s'étant annoncés sur ce marché d'ici la fin de l'année. Dans le même temps, on est toujours en attente du résultat de l'eurobond d’un milliard $ émis par le Cameroun début janvier 2015, pour financer son plan d'urgence.
Ce recul des eurobonds des pays d'Afrique subsaharienne n'est pas seulement le fait d'un désistement des investisseurs. Au contraire, certains d'entre eux, face au blocage des opportunités sur les marchés occidentaux et asiatiques, se tournent vers l'Afrique qui reste la seule région offrant encore des rendements intéressants.
La récente émission gabonaise de 500 millions $ souscrite 6 fois pour une maturité de 10 ans et un rendement annuel de 6,92% a fait la preuve de l’attractivité persistante de ces produits africains. Partant de là, selon Bloomberg, de grandes banques, dont Standard Chartered Bank, Deutsche Bank et Citigroup seraient sur le terrain pour tenter de convaincre les pays d'émettre de nouvelles obligations.
Mais au-delà de la volonté des investisseurs de réaliser de bonnes marges, les conditions de 2014 ont évolué et l'incertitude pèse sur la capacité de ces pays à emprunter massivement. Plusieurs voies, dont celle du FMI et d'autres organismes endogènes comme le ZIPAR (Institut Zambien de Recherche et d'Analyse sur les Politiques publiques), s’élèvent pour critiquer ce mécanisme de financement.A leurs yeux, le recours aux eurobonds replonge l'Afrique dans le cercle vicieux de l'endettement. La crise grecque, les orientations de politique monétaire aux USA et dans la zone Euro, seront des indicateurs à suivre dans le cadre de l'évolution du marché international de la dette impliquant l'Afrique.
Idriss Linge
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