(Agence Ecofin) - La Banque centrale sud-africaine envisage d'intervenir sur le marché des devises, si jamais la volatilité qui caractérise le Rand arrive à un stade où « cela constitue un problème pour la stabilité financière » du pays. En l'absence d'un nouveau plan de stabilisation de la part de Beijing (Chine), ce qui a déclenché des ventes de panique sur les marchés émergents, la monnaie sud-africaine a fortement chuté atteignant lundi 24 août un niveau historiquement bas.
L'éventualité d'une telle intervention de la Banque Centrale n'est pas considérée comme une solution pertinente par tous les acteurs de l’économie la plus diversifiée d’Afrique. Un analyste de Firstrand cité par Bloomberg a fait savoir à la suite de cette annonce, que si l’intervention consiste en une révision à la hausse des taux directeurs, cela aura des conséquences négatives sur les volumes de prêts à l’économie, et donc sur les revenus des banques. « Si les taux d’intérêt sont augmentés, ajoutés à de faibles indices de confiance des investissements et de la consommation, les volumes de prêts seront mis sous pression », a fait savoir Sam Moss le responsable des relations avec les investisseurs au sein de cette banque, la plus grosse d’Afrique du sud par ses parts de marché.
L’intervention peut aussi consister en une injection, par l’institution, d’une part de sa propre réserve de devises. Des analystes pensent que cela ne produira qu’un faible impact, si la volatilité est vraiment forte. Du coup, chez NKC Africa Economics, on estime que le but de la communication de la banque centrale était davantage de « passer le message, pour dire que l’Afrique du sud ne laissera pas sa monnaie plonger dans une chute libre »
Nedbank la plus petite des quatre grosses banques d’Afrique du sud, a déjà prévenu que la volatilité avec une tendance à la baisse, caractérisera les marchés jusqu’à la prochaine décision de la réserve fédérale américaine dont on attend une hausse de ses taux directeurs. « Cela se traduira par une réévaluation des risques entre les pays développés et les émergents et des investisseurs pourront être attirés par les prix bas des actifs dans les pays en développement », a commenté Mike Brown, selon des propos rapportés par Bloomberg.
Le marché financier de Johannesburg a pour sa part bien réagi à cette annonce. Même si les transactions ont été dominées par des ordres de vente, le Johannesburg Stock Exchange All Share Index était en hausse de 2,28% en mi-journée du 25 août 2015.
L'indice des entreprises appartenant au secteur financier a récupéré de la forte baisse de la veille et affichait au même instant +2,15% . Le rand pour sa part a retrouvé un peu de couleurs.
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »