(Agence Ecofin) - La commission d'enquête parlementaire mise en place pour établir les faits dans la situation actuelle de la Caisse Marocaine des Retraites (CMR) n'a pas encore terminé son travail, que déjà, certains médias au Maroc pointent du doigt la gestion du Directeur Général de l'institution.
Selon le quotidien Akhbar Al Youm qui est repris par le Site Infos, les enquêteurs ont appris du conseil d'administration que Mohammed El Alaoui El Abdallaoui aurait parfois décidé seul de la réalisation de placements sur les actions de certaines sociétés cotées sur la bourse de Casablanca, lesquelles ont finalement généré des rendements négatifs.
« Il a acquis 2.4% des actions de la société immobilière Addoha, mais ces actions ont chuté de 64% entraînant un important manque à gagner. Il en est de même des 5,2% d’Agma qui ont chuté de 16%, des 5,9% de Lesieur qui ont perdu 17%, des 4,1% d’Alliance Darna qui ont perdu 87% et des 3,5% de Sonasid qui ont chuté de 83% », rappelle l'information.
La question de la gestion des retraites au Maroc n'est pas nouvelle et les défis décelés à la Caisse Marocaine des Retraites sont bien plus anciens que l'arrivée de Mr El Abdallaoui. Et elles concernent un cadre plus large que celui de la seule CMR.
Au terme d'un long processus, le gouvernement est finalement parvenu à adopter la réforme de retraites au mois de juillet 2016 dernier. S’en suivra le prolongement des années de cotisation (jusqu'à 65 ans pour certains), la réduction de la masse des cotisations disponibles annuellement pour le paiement des prestations de retraite de 2,5% à 2%, et surtout, la suppression progressive du paiement de la pension sur le dernier salaire (parfois le plus élevé), pour la fixer à la moyenne des revenus encaissés les 8 dernières années de travail.
Rien n'est actuellement précisé pour ce qui est du régime de gestion des fonds de pension civile. Ce dernier est encore orienté par un arrêté du ministère des finances signé en mai 2010.
Dans ce contexte, la CMR est tenue d'investir 50% de ses réserves dans les produits financiers du gouvernement ou garantis par ce dernier. Seulement 30% sont réservés pour les investissements dans les actions, plus risquées, mais susceptibles d'apporter une meilleure rentabilité. Un encadrement que certains experts jugent peu pertinent.
Le rapport de la commission parlementaire est attendu de toutes les parties concernées. Il semble difficile toutefois au regard des éléments, d'indiquer un pôle de responsabilité. Entre les droits acquis, les variations dans la conjoncture et des marges de manœuvres parfois sérées pour le gouvernement, la mise en œuvre de la réforme fera l'objet d'un suivi attentif.
Idriss Linge
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