(Agence Ecofin) - En termes de revenus pétroliers, les pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient et d’Afrique ont perdu plus de 340 milliards $ en 2015, soit 20% de leurs PIB combinés, d’après le Fonds monétaire international (FMI). Ceci, en raison de la chute des prix du pétrole.
Christine Lagarde, directrice de l’institution, a expliqué que les indices en présence prouvent que les prix pourraient rester bas pendant encore une longue période. «Cela signifie que tous les pays exportateurs de pétrole devront réduire leurs dépenses et travailler à augmenter leurs recettes. Dans le même temps, ces économies ont besoin de renforcer leurs cadres budgétaires et reconcevoir leurs systèmes fiscaux en réduisant leur forte dépendance aux recettes pétrolières et en développant des revenus non pétroliers», conseille-t-elle.
«Les cycles de chute des prix connus précédemment ont montré que l'impact des prix du pétrole est de longue durée, et que les cicatrices d'une période prolongée de bas prix ne peuvent pas être facilement effacées», avait déclaré, alarmé, le prince saoudien Abdulazziz bin Salman, vice-ministre du pétrole, lors de la table ronde sur l'énergie qui s'était tenue à Doha en 2015.
Le Nigéria par exemple a connu des pertes de près de 63 millions $ entre novembre et décembre 2015, et face à la situation désastreuse à laquelle fait face l’économie locale, le président Muhammadu Buhari, vient d’effectuer un voyage officiel en Arabie Saoudite pour essayer de trouver des solutions communes efficaces. L’objectif est de discuter avec les acteurs de la monarchie du Golfe, l’un des plus grands exportateurs de l’OPEP, des voies et moyens pour atteindre une plus grande stabilité dans le prix des exportations du brut.
Quant à l'Angola, deuxième producteur d’Afrique et très dépendant de la manne pétrolière, il va augmenter ses impôts en 2016, licencier des milliers de fonctionnaires et réduire très fortement ses dépenses publiques.
Plusieurs économistes et experts du secteur ont d’ailleurs attiré l’attention des gouvernements des pays exportateurs en Afrique de l’urgence d’élaborer des politiques de diversification de leurs économies afin d’éviter la crise sociale.
Le gouvernement nigérian a été le premier en Afrique à annoncer, par son ministre du budget, Udo Udoma, qu’il ne pourrait pas compter sur ses revenus pétroliers pour financer son économie cette année. Le 23 février 2016, Afonso P. Canga, le ministre angolais de l’agriculture avait pour sa part déclaré dans une perspective résignée mais optimiste : «L’Angola peut faire sans le pétrole». Signe que les pays exportateurs ont tous été secoués par la conjoncture, l’industrie pétro-gazière a perdu plus de 100 000 emplois durant les 16 derniers mois aux USA, selon le Bureau américain des statistiques et du travail. Dans le monde, c’est plus du double en matière de pertes d’emplois, ceci ne concernant que les emplois directs.
Olivier de Souza