(Agence Ecofin) - Le premier ministre Camerounais Philémon Yang a présenté vendredi un projet de loi de finance qui prévoit un endettement global de près de 1055 milliards de FCFA afin de combler le déficit de financement pour l'exercice 2016. Cette dette est répartie en trois grandes rubriques. 505 milliards de FCFA de prêts projets, 300 milliards de FCFA d’émission de titres publics, et 250 milliards d'emprunts à effectuer auprès des banques.
Cette perspective s'inscrit en hausse, lorsqu'on la compare aux chiffres de 2015, qui ont consacré un endettement de 665 milliards de FCFA seulement, même si, par la suite, le déficit public global de l'exercice a finalement été porté à près 1200 milliards de FCFA.
Pour l'année prochaine comme celle en cours, le gouvernement explique cette manœuvre par la nécessite de financer le plan d'urgence triennal initié par le président Biya, mais aussi à répondre aux contraintes sécuritaires et à la préparation de la coupe d'Afrique des Nations que le pays abritera en 2019.
Dans cette logique, le budget d'investissement a été revu à la hausse, et occupe désormais 36,04% de l’enveloppe globale. Le budget de fonctionnement pour sa part est revu à la baisse à seulement 1981,2 milliards de FCFA, soit un repli de 178,1 milliards de FCFA en raison des coupes sur les différentes dépenses courantes de l'administration.
Dans un parlement largement favorable au parti majoritaire au pouvoir, ces chiffres ne risquent pas de faire de débats particuliers dans les chambres de représentation. Cependant, ils ne manqueront pas d'animer la polémique dans les milieux des experts. Certains d'entre eux ont toujours soutenu que, si accroitre le budget d'investissement est une bonne chose, il faut encore s'interroger sur son efficience.
Les dépenses en capital souffrent du défi de la sous-consommation de crédit, alors même que le pays est en plein dans sa stratégie d'émergence, à laquelle est venu s'ajouter le plan d'urgence triennal. Lors de sa dernière visite statutaire dans le pays, Mario de Zamarocy, le chef de délégation du Fonds Monétaire International a attiré l'attention des autorités sur les risques liés à la rapidité de son ré-endettement, après l'atteinte du point d’achèvement de l'initiative Pays Pauvre Très Endetté.
Le gouvernement s'est défendu de cette perception des choses et pourtant, pour son tout premier eurobond, les investisseurs ont affiché une certaine réserve et l'opération se serait soldée sur un niveau de souscription de 98,2%, pour un taux record de 9,75% et une maturité de dix ans. Par ailleurs on peut aussi noter que le portefeuille réservé au service de la dette est proposé à 727,7 milliards de FCFA pour 2016. En 2015, il était prévu à seulement 436,7 milliards de FCFA.
Idriss Linge
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