(Agence Ecofin) - Répondant à une question à l’Assemblée nationale hier, mercredi 22 janvier 2014, le ministre des Postes, des Télécommunications et des Ntic, Tryphon Kin Kiey Mulumba (photo), a déclaré que tous les jours, la lutte contre la fraude sur les appels internationaux s’accentue. « Chaque jour qui passe, le consortium décèle au moins une centaine de cartes SIM frauduleuses qu’elle fait désactiver par les opérateurs. Certains collaborent, d’autres traînent les pieds… Ce qui nous conduit parfois à hausser le ton », a expliqué le ministre, qui affirme par ailleurs que ses services ont parfois « montré les muscles » auprès des opérateurs pour se faire entendre.
A travers sa technique «d’appel de traces», le consortium franco-américain Agilis International - Entreprise Telecom, partenaire du gouvernement congolais dans cette traque, a déjà détecté depuis septembre 2013 un volume de 6000 cartes Sim frauduleuses sur l’ensemble des réseaux télécoms, rapporte Tryphon Kin Kiey Mulumba.
Le consortium travaille en ce moment avec les opérateurs sur un mécanisme devant procéder à une coupure automatique de toute carte SIM frauduleuse détectée. A en croire le ministre, cette fraude sur les tarifs des appels internationaux entrants devient plus sophistiquée, car « les moyens matériels et intellectuels utilisés sont inimaginables ».
Plusieurs types de fraudes sont observés sur les appels internationaux entrants en RD Congo :
En premier lieu, les opérateurs mobiles peuvent faire de fausses déclarations. « Ce type de fraude concerne les déclarations de volume des minutes internationales faites par les opérateurs, en l’espèce, nos cinq opérateurs, qui ne correspondent pas à la réalité du trafic reçu de l’étranger », explique le ministre.
En second lieu, la fraude par les opérateurs mobiles autorisés. Ici, un opérateur donné reçoit les communications internationales, modifie certaines caractéristiques de ces appels internationaux et les transfère vers un autre opérateur qui termine ces appels sur son réseau.
En troisième lieu, la fraude par les Sim box. C’est la plus courante en RD Congo. Un pirate installe une plate-forme comprenant une antenne parabolique VSAT à travers laquelle il reçoit les communications internationales, souvent par Internet. A l’aide de ses ordinateurs et d’un dispositif adéquat, il enlève l’identification de la provenance de l’appelant et le remplace par un numéro local installé dans la Sim box. Un boitier qui comporte plusieurs cartes SIM de différents réseaux. C’est ainsi que l’appel international est transformé en appel local. Le destinataire qui reçoit l’appel ne peut, par contre, pas appeler l’appelant. Le pirate est payé par les carriers ou transporteurs internationaux (avec qui les opérateurs signent des contrats pour l’interconnexion) au tarif d’un appel international. Par contre, la taxe de 33% due au Trésor public congolais pour une communication entrante au Congo, ainsi que les frais de terminaison ne sont pas payées par ce pirate, ni à l’Etat congolais, ni à l’opérateur mobile ayant terminé l’appel dans son réseau, celui-ci ne percevant que le coût d’un appel local.
Depuis le lancement de la lutte contre ces fraudes en RD Congo en septembre 2013, « des 20 millions de minutes d’appels internationaux entrants, invariablement déclarés depuis plus d’une décennie par les opérateurs télécoms, le pays est passé à 42 millions », relève le ministre. Pour le seul mois d’octobre 2013, l’ensemble des opérateurs ont déclaré à la Direction générale des recettes administratives domaniales (DGRAD) et à l’Agence de régulation des postes et des télécommunications (Arptc), un volume de 28 millions de minutes d’appels, soit une différence de 14 millions de minutes, soit 35% de trafic dissimulés, d’après le ministère en charge des Télécommunications. « J’ai immédiatement ordonné des redressements fiscaux et des sanctions financières, ce qui est nouveau. Grâce à cette traque, en moins de 5 mois, le flux d’appels internationaux entrants connaît un accroissement de plus de 110% », conclut Tryphon Kin Kiey Mulumba.
B-O.D.
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