(Agence Ecofin) - Il aura fallu attendre longtemps, mais on peut désormais espérer une issue pacifique à la crise sécuritaire dans le delta du Niger. Dimanche, les insurgés du groupe NDA ont finalement accepté de dialoguer avec le gouvernement nigérian après une énième main tendue la semaine dernière par Ibe Emmanuel Kachikwu, le ministre en charge du pétrole.
Les négociations, qui devraient démarrer incessamment, porteront notamment sur la satisfaction des revendications des militants du groupe armé qui exigent globalement d’Abuja plus d’investissements dans la vie socio-économique du delta du Niger. En effet, cette région demeure l’une des plus pauvres du pays alors que plus de 70% des ressources en hydrocarbures commercialisées par le géant ouest-africain y sont extraites. En échange, les NDA, comme ils l’ont toujours clamé, devraient mettre fin aux actes de vandalisme sur les installations pétrolières de la région. Une situation qui dure depuis plus de 6 mois et qui a considérablement affecté la production de l’ex-premier producteur africain de brut. Au plus fort de la crise, la production pétrolière du Nigéria a ainsi chuté de 2,2 millions b/j à 1,3 million b/j. Aujourd’hui, elle serait de 1,5 million b/j selon Reuters.
Le groupe armé, qui a revendiqué plusieurs attaques majeures dans la zone, a néanmoins averti que même si le temps des pourparlers elle faisait taire les armes, un cessez-le-feu total serait difficile à observer. Il se développerait actuellement de nombreux groupuscules de militants « dominés par les jeunes chômeurs et motivés par la pauvreté, qui sont difficiles à contrôler ». Il a également prévenu que si les négociations échouent, ses militants reprendront automatiquement les armes pour « lutter pour le delta du Niger ».
Toutefois, si les négociations aboutissent rapidement comme le souhaite Abuja, on pourrait sans doute assister à une rechute des prix du pétrole sur un marché qui se retrouvera inondé. Un analyste nigérian avait observé, quelque mois plus tôt, que si les hostilités prenaient fin, il ne faudrait pas plus de trois mois au pays pour retrouver sa production d’antan qui était de 2,2 millions b/j.
Autant l’annonce d’une nouvelle rencontre entre pays producteurs a ravi les marchés le long de la semaine dernière (avec à la clé une légère remontée de la matière première), autant la possibilité d’un consensus entre les NDA et le gouvernement nigérian pourrait les faire trembler.
Olivier de Souza