(Agence Ecofin) - Dans une note d'analyse publiée le dimanche 20 juillet 2014, la firme d'investissement Beltone Financial a indiqué que la décision du Comité de Politique Monétaire de la Banque Centrale d'Egypte, de faire monter les principaux taux d'intervention financière de 100 points de base en moyenne, impactera négativement une économie qui est déjà assez affaiblie.
Jeudi 17 juillet dernier, le CPM a en effet procédé à la surprise de plusieurs analystes, à la hausse des taux de refinancement, les taux de dépôts à vue et les taux des principales intervention de la Banque Centrale à des taux respectifs de 9.25%, 10.25%, et 9.75%. Dans le même contexte le CPM a décidé de l'augmentation à 9,75% des taux d'actualisation.
Une décision prise afin d'anticiper sur l'inflation que la plupart des experts attendent à deux chiffres, après la suppression par le gouvernement égyptien des subventions aux hydrocarbures, et le risque de hausse des prix qui pourrait en découler. Beltone Financial reste sur une position qu'elle défend depuis un certain temps, à savoir que les hausses de prix en Egypte ne sont pas alimentées par une forte demande et des consommateurs possédant de moyens financiers relativement importants.
Elle fait remarquer que le phénomène de hausse des prix est tiré par la baisse des capacités de production et donc de l'offre, liée au durcissement des coûts de facteur au sein desquels on retrouve les coûts financiers des investissements. Une analyse cohérente avec une partie de la théorie économique, selon laquelle lorsque l'accès au crédit devient plus onéreux, cela durci la demande (Consommation, mais aussi investissement), ce qui contribuera à plonger le pays dans sa décroissance actuelle.
Beltone estime que la Banque Centrale (CBE) aurait dû attendre et observer les effets sur le long terme de la suppression des subventions, afin de voir si une pression s'était exercée sur le marché monétaire avant de décider d'une hausse des taux directeurs. Rappelons que l'Egypte n'est pas le seul pays à faire face à des situations marquées par la baisse de la valeur de sa monnaie sur le dollar, un déficit extérieur grandissant et une balance courante déficitaire.
En Afrique du sud où une situation analogue s'est posée, des experts ont estimé, que la hausse des taux directeurs par la Banque Centrale permettront sur le moyen terme de renforcer l'épargne, accroître la liquidité de long terme des banques, ce qui permettra ainsi un financement adéquat des investissements. A la différence de l'Egypte cependant, le système productif sud-africain est suffisamment maîtrisé et rôdé, capable d'intervenir dans différents segments.
Sur l'Egyptian Stock Exchange, le marché financier égyptien, la réaction ne s'est pas fait attendre. EGX 30, le principal indice de ce marché, a terminé dans le rouge dimanche et poursuivait sa plongé ce lundi 21 juillet en ouverture des marchés, avec un recul de 0,68%. Sur le marché obligataire, les taux offerts ce même lundi pour les bons du trésor égyptien, ont eux aussi évolué sensiblement à la hausse. Ainsi les obligations sur 91 jours ont atteint le taux record de 11,82% et les obligations sur 266 jours ont vu leur taux progresser à 12,24%
Idriss Linge
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