(Agence Ecofin) - Créateur d’emplois, potentiellement bénéfique mais peu transparent, c’est ainsi qu’on peut résumer les résultats, publiés en juin dernier, d’une enquête réalisée par Afrobaromètre, un réseau de recherche panafricain et non partisan, sur le secteur minier sénégalais. Les enquêteurs ont auditionné, entre le 22 novembre et le 7 décembre 2014, un échantillon de 1 200 adultes sénégalais qui ont, par le truchement des différentes questions qui leur ont été soumises, donné leur perception sur le sujet.
Un secteur créateur d’emplois et qui réduit l’exode rural
La première question soumise aux interviewés était leur point de vue sur la contribution de l’industrie minière en matière de création d’emplois. Selon les résultats rapportés par Afrobaromètre, 43% des Sénégalais pensent que le secteur aide à créer des emplois et, de ce fait, participe au développement local. Par contre, 18% estiment le contraire et le reste des interviewés n’a pas d’opinion sur le sujet. Il faut préciser, concernant ces statistiques, qu’elles varient selon le niveau d’études de l’échantillon d’enquête ou de l’analphabétisme.
Si la majorité estime que le secteur permet de créer des emplois, on peut en dire autant, dans une moindre mesure, de l’impact sur la réduction de l’exode rural. En effet, selon 35% des interviewés, cet impact serait positif alors que 21% pensent qu’il n’a aucun effet sur le phénomène, le reste n’en ayant aucune idée.
Dégrade l’environnement et profite aux sociétés étrangères
En ce qui concerne les impacts négatifs qu’engendrerait l’exploitation minière sur l’environnement, si la majorité des Sénégalais déclare ne rien en savoir, 37% pensent qu’elle a effectivement un impact négatif. Cette proportion est trois fois plus grande que celle qui estime que le secteur minier n’a aucun impact négatif sur l’environnement. Néanmoins, il faut préciser, concernant ces chiffres, qu’ils varient, selon le niveau d’instruction, la richesse, et le milieu de vie des interviewés. En effet, les résultats du rapport indiquent que plus ces critères sont bons, plus les sondés sont enclins à voir un impact négatif de l’industrie minière sur l’environnement.
En plus de cet impact négatif dénoncé, la moitié des sénégalais pensent que l’extraction minière profite aux sociétés étrangères, l’autre moitié n’ayant aucune information sur la question (42%) ou pensant le contraire (9%). Si cette analyse dépend aussi d’un certain nombre de paramètres ou conditions de vie, le rapport ne précise néanmoins pas si ce profit se fait aux dépens de l’Etat.
Peu transparent, opaque, mais potentiellement bénéfique pour le pays
Quant à la transparence des opérations du secteur, juste une petite proportion (9%) de la population pense que c’est le cas, 35% soutenant que la gestion des ressources minières ne s’opère pas de façon transparente. Ce sentiment d’opacité est renforcé par le fait que la grande majorité de la population (52%) ignore tout de la transparence ou non du secteur.
Cependant, malgré ce climat d’opacité et tous les facteurs négatifs dénoncés plus haut, s’exprimant sur l’impact global du secteur minier sur le développement du pays, un peu moins de la moitié des sondés (46%) affirme que «l’industrie minière et l’industrie des ressources naturelles aident quelque peu ou beaucoup le pays». Seulement 12% estiment que l’industrie minière tend plus à nuire au pays qu’à l’aider.
Pour l’atteinte de l’objectif du pays, qui est de tirer profit de ses ressources minières, les acteurs et le gouvernement gagneraient ainsi à lever ce voile d’opacité qui entoure l’industrie minière en la rendant plus transparente et en informant davantage le public. Le Sénégal possède un sous-sol qui héberge potentiellement de l’or, du fer, de l’uranium, du phosphate, ou encore du zircon.
Pour un aperçu des projets miniers du pays, qui a produit 6,588 tonnes d’or en 2014 (selon des chiffres de World Mining Congress), on peut citer les projets aurifères Boto, géré par la compagnie IAMGOLD, Mako (Toro Gold), Sabodala (détenu par une filiale de Teranga Gold). En outre, dans le secteur des phosphates, il y a le projet Baobab, géré par Avenira, qui est récemment entré en phase de production.
Louis-Nino Kansoun
Accra, Ghana