(Agence Ecofin) - La hausse de 25 points de base de ses taux directeurs par la banque centrale sud-africaine n'a pas suscité que de l'inquiétude chez les acteurs économiques, même si plusieurs d'entre eux confirment que pour une certaine catégorie d'agents économiques, il y aura des difficultés à surmonter la situation. Plusieurs opinions ont évoqué les effets de cette mesure sur sa capacité à maîtriser l'inflation, tout en relançant les investissements.
Intervenant dans une radio sud-africaine, David Shapiro, un des experts de la gestion de fortune au sein de la banque sud-africaine Sasfin a fait savoir que, de son point de vue (comptable), même s'il comprend le dilemme pour la banque centrale sud-africaine de se positionner dans une situation de faible croissance (due au recul des investissements) et de hausse de l'inflation (due au recul de la production), il ne pense pas que la hausse des taux directeurs soit "la solution" au problème.
« Ce à quoi on va arriver, c'est de voir les ménages avoir recours à leurs fonds de poches et alors je me demande comment cela peut exercer un contre effet sur l'inflation et même je me demande si la politique monétaire est le meilleur moyen de répondre à la situation actuelle », a fait savoir M. Shapiro. Pourtant, des économistes ont présenté une modélisation différente
Intervenant eux aussi sur le sujet, ils ont émis l'idée globale selon laquelle, l'initiative de la banque centrale aura un effet qui ne sera perçu que sur un terme relativement long. Le renchérissement du coût du crédit qui devrait suivre de cette hausse des taux directeurs et des autres hausses à attendre, se traduira par la réduction des dépenses par les ménages, et la constitution de plus d'épargne de moyen et de long terme, ce qui permettra à l'économie de disposer de plus grande capacité d'emprunt, pouvant servir à l'investissement.
C'est du moins un avis qui a été partagé par Sizwe Nxedlana, économiste en chef chez First National Bank, cité par Reuters. « L'inflation est au dessus du seuil des 3% et culmine à plus de 6%, une situation qui devrait durer jusqu'à la fin de l'année. Dans le même temps, un rand plus faible a plombé la balance courante de l'Afrique du sud, et le pays possède insuffisamment de ressources financières pour réaliser les investissements nécessaires, susceptibles d’accroître l'offre de production locale. Aussi des taux élevés vont réduire la sur-consommation qui creuse notre déficit extérieur et va renforcer l'épargne nationale », a fait savoir Nxedlana.
Ainsi, Jacques Cellier, le PDG de FNB, cité dans le même contexte, se réjouit de ce que des clients appellent déjà pour annuler des demandes de crédit à la consommation. Chez Standard Bank on n’est pas surpris par la hausse, tout en estimant que c'était la bonne décision à prendre pour le contexte. « Le cycle de hausse des taux directeurs pousseront les ménages à reconfigurer leurs portefeuilles en surveillant les revenus et l'endettement », a fait savoir Sugendhree Reddy, responsable de la banque personnel chez Standard Bank Group.
Pour Goolam Balim, économiste en chef chez Standard Bank, la banque centrale a du trancher face à une situation hautement complexe. Elle salue toutefois la hausse des taux, car selon elle la situation aurait pu se dégrader encore davantage. Intervenant dans une radio sud-africaine, elle a expliqué que « l'inflation est, de fait, à la base de la chèreté du coût de vie en Afrique du sud. Elle est à l'origine des revendications salariales qui à leurs tours alimenteront de nouvelles hausses des prix ».
La réaction du marché financier sud-africain a été immédiate. Le Johannesburg Stock Exchange a terminé en baisse dès l'annonce du relèvement des taux, et déjà certaines entreprises du secteur de la grande distribution comme Forschini ou encore Massmart sont en recul. Ce 18 juillet 2014, l'ensemble des indicateurs du JSE étaient dans le rouge en mi journée d'activité. Preuve que les investisseurs prendront du temps à s’accommoder des modalisations des économistes
Idriss Linge
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