(Agence Ecofin) - Mercredi, le parlement libyen de l’Est (Benghazi) a décidé de mettre fin à l’accord signé en juillet 2016 scellant l’unification des deux sociétés publiques qui contrôlaient de façon parallèle le circuit pétrolier.
L’une était contrôlée par le conseil présidentiel de Tripoli, à l’ouest et l’autre par le gouvernement de Benghazi, à l’Est. L’accord mettait un terme à deux ans de division de la société d’Etat du pétrole (NOC). Cette fusion a d’ailleurs permis la remontée de la production pétrolière. Celle-ci a plus que doublé entre juillet 2016 et février 2017, passant à 700 000 b/j.
En effet, les parlementaires de l’Est accusent les responsables de l’Ouest (Tripoli) de soutenir financièrement et militairement la Brigade de Défense de Benghazi (BDB). Cette faction rebelle se bat pour arracher le contrôle des ports du croissant pétrolier (situé à l’Est) à l’armée nationale libyenne affiliée aux autorités de Benghazi. Ils accusent aussi les autorités de Tripoli de faire montre de mauvaise foi en ne déplaçant pas le siège de la NOC (qui est actuellement à Tripoli) à Benghazi, comme convenu dans l’accord de réunification de juillet 2016. Par conséquent, ils ont demandé à l’armée nationale libyenne de quitter les installations pétrolières du croissant pétrolier sans préciser à quelle entité elle devrait en confier la responsabilité.
« Nous tenons à porter à l’attention de tous la fin de l’accord ayant donné lieu à la soit disant compagnie publique pétrolière unifiée », a déclaré à Reuters un membre de la commission chargée de l’Energie du parlement de l’Est.
Comme l’indiquent certains analystes, un retrait de l’armée du croissant pétrolier va favoriser l’escalade de la violence entre la BDB et les autres factions de l’Est du pays. De quoi envisager un anéantissement de la production pétrolière dans la région et fausser les perspectives de production de l’OPEP dont la Libye est un pays membre. En effet, plus de la moitié de la production nationale de pétrole brut est extraite dans la région orientale.
Il faut souligner que malgré les affrontements entre l’armée nationale libyenne et la BDB, les autorités de l’Est ont continué à garantir la production et les exportations de la NOC. L’armée vient d’ailleurs de reprendre le contrôle de deux ports pétroliers à la BDB.
Après l’accord de juillet 2016, de nombreux observateurs ont prévu que la réunification de la Libye passerait par le pétrole. Il apparaît clairement aujourd’hui que les intérêts pétroliers déchireront davantage le pays. La production nationale de pétrole qui était de 700 000 b/j, il y a deux semaines, est aujourd’hui de 600 000 barils par jour et devrait être réduite de moitié avant la fin du premier trimestre.
Olivier de Souza
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