(Agence Ecofin) - Le gouvernement provisoire de Tunisie a indiqué, à l'issue de son conseil tenu le 10 avril 2014, qu'il s'apprêtait à lancer son emprunt obligataire mi-mai prochain, avec pour objectif mobiliser 500 millions de dinars afin faire face à une partie de ses besoins de financement pour l'exercice budgétaire en cours.
L'initiative, qui est encore sous la forme d'un projet de loi dont les éléments ont été dévoilés par l'agence Tunisie Afrique Presse, permet de savoir que les souscripteurs auront la possibilité de choisir entre trois types d'emprunts.
Le premier type « A » réservé aux personnes physiques, d'une valeur nominale de 10 dinars et dont la période de remboursement est prévue sur 5 ans avec une année de grâce. Le principal de l'obligation sera remboursé sur 4 tranches annuelles. Cette première tranche arrive à terme 2 ans après la date de fermeture de la souscription et ses intérêts seront remboursés à terme au taux de 5,95 % par an.
Pour ce qui est du deuxième type d'emprunt (B) il est proposé que son remboursement soit fixé à 7 ans avec un délai de grâce de 2 ans. La valeur nominale de chaque obligation sera de 100 dinars. Le principal des obligations sera remboursé sur cinq tranches annuelles égales. La première tranche sera remboursée après trois ans à partir de la date de fermeture de la souscription à un taux d'intérêt annuel nominal de 6,15%.
Le troisième type d'emprunt (C) enfin, a été fixé à 10 ans dont 2 ans de grâce et une valeur nominale de 100 dinars. Le principal sera remboursé sur huit tranches annuelles égales.
Le projet de décret ouvre aussi la participation de cet emprunt aux Tunisiens résidant à l'étranger, et dont les souscriptions à l'emprunt national pourra se dérouler à travers une déduction de leurs comptes étrangers ouverts en devises, en dinar convertible ou encore moyennant un transfert bancaire à partir de l'étranger.
Relevons que la décision voulue par les autorités tunisiennes d'emprunter sur le marché local s'impose presqu'à elles. D'une part, même si la Tunisie bénéficie aujourd'hui d'un avis favorable des principaux donateurs internationaux, il n'en demeure pa moins que les capacités de financement de ces derniers sont très réduites au regard de la demande. D'autre part, le recours au marché international de la dette a été rendue plus difficile pour une Tunisie qui a suspendu sa notation internationale, après que les trois grandes agences de notation aient classée tour à tour son risque crédit comme hautement spéculatif.
Aussi on notera que le gouvernement tunisien a semblé avoir entendu les avis et réserves de certains experts locaux relativement à cet emprunt. Dans cette logique, l'idée de réduire le volume d'emprunt à 500 millions de dinars, contre 1 milliard initialement annoncé, se présente comme l'admission d'une hypothèse développée par les analystes du courtier en bourse Macsa, qui faisait savoir que la spirale de crise économique a entraîné une baisse de liquidité interne, mesurable à la baisse de l'épargne des ménages de 21,7% en 2010 à 15,4% en 2013.
A côté de cette remarque, les analystes de Macsa font aussi remarquer que l'emprunt tunisien devra faire face au défi de l'inflation qui empêche les ménages (catégorie A) d'investir massivement car une plus grande partie de leurs revenus est affectée à la consommation. L'analyse relève aussi les discours alarmistes qui font mention de la faillite de l'Etat tunisien, et le climat des affaires qui doit encore être assaini.
Pour autant ces experts ne sont pas pessimiste et pensent que tout dépendra de la manière dont, au final, le gouvernement organisera certains détails de l'emprunt. Notamment le taux d'intérêt sera un indicateur fort. Autre indicateur décisif attendu, la fiscalité applicable aux intérêts de l'emprunt, tout autant que l'affectation des ressources mobilisées et le niveau de contrôle des impacts sur les effets d'éviction de certains segment de l'économie au marché du crédit.
Cet emprunt sera le troisième lancé par la Tunisie depuis les indépendances. Les besoins en financements du budget 2014, s'élèvent à 13 milliards de dinars répartis entre ressources extérieures (8 milliards de dinars) et ressources intérieures (5 milliards de dinars). S'exprimant sur le sujet, Nidhal Ouerfelli le porte parole du gouvernement tunisien a expliqué que « la situation des finances publiques est difficile et critique notamment au niveau de la liquidité », précisant que « le déficit du budget de l'Etat a atteint 1,1 milliard de dinars, à fin mars 2014 ».
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.