(Agence Ecofin) - Réuni à Malabo (photo), la capitale politique de la Guinée équatoriale, le Comité de politique monétaire (CPM) de le BEAC a fait le constat que la sous-région a connu des performances macroéconomiques contradictoires sur les 3 premiers mois de l'année 2014.
Ainsi, la région durant la période de référence, a réalisé une croissance de 6,1% de son produit intérieur brut, dont pratiquement 7,1% pour le secteur non pétrolier. Dans le même temps, l'inflation a été difficilement maîtrisée au taux de convergence sous-régionale, se positionnant autour des 3%. Dans le même temps la BEAC a noté que le solde budgétaire (base engagement) s'est redressé, mais reste déficitaire à -0,3% du PIB
La mauvaise nouvelle est intervenue du côté du solde extérieur courant qui s'est dégradé davantage à -8,1% du PIB, signe que dans la sous-région les importations ont été supérieures aux exportations. Selon des données collectées par le FMI lors de ses consultations statutaires des mois de mai-juin dernier, il ressort que les soldes budgétaires et extérieurs sont encore plus marqués hors recettes pétrolières et pourraient atteindre les -26,28% du PIB CEMAC d'ici la fin 2014.
Face à ce flot de données contradictoires, le CPM a décidé d'abaisser de 30 points de base, les Taux d'intérêt des appels d'offre, dans la continuité de ce qui avait été amorcé à la fin du deuxième semestre 2013. Cette mesure de la BEAC devrait permettre de résoudre un certain nombre de problèmes. Déjà elle permettra de relancer la croissance sous-régionale, en soutenant à nouveau le redressement de l'économie en République Centrafricaine. Le pays qui sort difficilement de sa crise socio-politique est celui qui bénéficiera pleinement de cette nouvelle baisse des taux directeurs. Malgré le risque politique que représente la RCA, il est à attendre que les banques empruntant moins cher, essayeront de tirer profit des taux attractifs sur le marché du crédit et seront plus enclin à prendre des risques en finançant davantage l'économie.
Aussi la baisse des taux, en théorie, devrait impacter positivement le solde extérieur. Rattaché à l'euro par une parité stable, le FCFA, en principe, a tendance à produire les mêmes effets face à des décisions de politique monétaire. Ainsi, une baisse des taux d'appel d'offre devrait agir comme une dévaluation technique du CFA face notamment au dollar, ce qui devrait permettre de voir s’accroître la valeur des importations et donc d'améliorer le solde extérieur sous-régional. Rappelons qu'un CFA plus faible c'est un point positif, notamment pour une région qui dépend des recettes du pétrole vendu en dollars.
Toutefois,il faut rappeler avec le FMI, que le levier de la politique monétaire ne peut pas fonctionner à lui tout seul. « En coordination avec les institutions régionales, les pays membres devraient mieux se préparer à une éventuelle baisse temporaire des cours du pétrole en constituant des épargnes budgétaires qui permettraient de poursuivre leur développement. De manière plus générale, ils devraient mettre l’accent sur une meilleure gestion des ressources pétrolières. Ils devraient aussi rester prudents en ce qui concerne l’accumulation de la dette publique afin de réduire au minimum les risques de surendettement à moyen et à long terme », ont fait savoir ses experts à la fin des travaux avec les responsables de la CEMAC.
Notons aussi que si les banques interviennent davantage dans l'économie, cela n’implique pas forcément un grand changement pour les populations et les PME, qui auront toujours des difficultés à accéder aux crédits, du fait d'un facteur récurrent, celui du déficit d'un environnement garantissant aux Banques de pouvoir limiter la propension des créances douteuses.
Idriss Linge
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