(Agence Ecofin) - L'agence de notation américaine Moody's a estimé dans une note d'analyse publiée vendredi 8 juillet, que la forte dépendance de l'économie sud-africaine vis-à-vis de fonds étrangers, la plaçait en tête de liste des pays d'Afrique subsaharienne les plus exposés à une mise en œuvre du Brexit. « Le déficit courant que connait le pays actuellement le rend vulnérable à des mouvements de capitaux de court-terme, dans un contexte marqué par des changements dans la perception des risques », a fait savoir Zuzana Brixiova, la Vice-Présidente et analyste sénior chez Moody's
Dès l'annonce de la victoire à 52% du OUI pour la sortie du Royaume Uni de l'Union Européenne, les fonds d’investissements se sont rapidement rués sur le dollar US, pour se protéger d'une baisse de la Livre Sterling. Cette dernière devrait en effet perdre un de ses importants éléments de stabilité, à savoir le vaste marché des biens et des services que représente l'UE. Cette situation a eu pour conséquence de faire monter la valeur de la monnaie américaine, se traduisant de facto par une baisse de l'ensemble des devises des marchés émergents. Mais le rand sud-africain est la devise qui a connu la plus forte chute, cédant jusqu'à 6,8% après l'annonce du Brexit.
A ces facteurs de conjoncture, on note que l'économie sud-africaine est structurellement en difficulté, avec des perspectives la récession de plus en plus craintes. Une saison sèche d'une rare intensité a négativement impacté les revenus agricoles et placé une part importante des débiteurs agricoles en position de risque de défaut. Parallèlement, les réductions d'emplois, notamment dans les secteurs de la mine, la forte hausse de l'endettement des ménages dans un contexte de faible croissance, met à mal le système financier et les objectifs de rendements des investissements dans leur ensemble.
Dans une telle ambiance, on assiste à deux types de sortie des capitaux de l'Afrique du sud. La première est en rapport avec des réductions d'expositions aux actifs qui y sont rattachés, de peur de perdre des plus-values. La deuxième est relative à des rapatriements de bénéfice par des investisseurs étrangers. Un récent rapport de la banque centrale sud-africaine indique, que ces rapatriements de bénéfices, sont devenus la principale cause du déficit de la balance courante du pays, qui atteint désormais les -5% du Produit Intérieur Brut.
L’institution a même évoqué à un moment, la possibilité d'introduire des restrictions sur l’accès au change. Mais la récente expérience du Nigéria est là pour rappeler aux politiques africains, comment les investisseurs peuvent réagir face à ce type de décisions. La confiance, déjà entamée, de la classe des affaires pour les choix économiques du président Zuma pourrait s'amenuiser d'avantage. Standard & Poors a maintenu sa note à BBB-, mais n'exclut pas la possibilité de classer le pays le plus industrialisé d'Afrique dans la catégorie des investissements à risques.
Les marchés, au-delà de l'analyse de Moody's et du contexte général, sont restés beaucoup plus optimistes vendredi 8 juillet 2016. Le Rand (monnaie sud-africaine) a connu sa progression sa plus forte depuis la victoire du Brexit, soutenu par des investisseurs en quête de rendements élevé. Les marchés occidentaux n'en n'offrent plus, et plusieurs investisseurs parient positivement sur le fait que les USA ne relèveront pas leurs taux directeurs.
Le Johannesburg Stock Exchange a lui aussi terminé la semaine sur une petite note positive, avec une hausse de 0,14% du JSE 40, son indice de référence qui regroupe ses quarante premières capitalisations, et une hausse de 0,18% du JSE All Share qui regroupe tous le marché.
Les actifs liés à l'or continuent de progresser, tirés par des investisseurs recherchant un refuge contre la volatilité actuelle. Mais il faut dire que la moyenne des volumes échangés a été faible. Seulement 187 millions de titres, ont changé de mains, contre 259 millions de transactions une année auparavant.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.