(Agence Ecofin) - Les grandes institutions internationales demandent, à juste titre, aux pays en développement de se mettre en conformité avec l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Pour lutter contre la corruption, les pays qui adhèrent à cette initiative doivent rendre publics tous les revenus qu’ils tirent de leurs secteurs minier, pétrolier et gazier. À ce jour, 36 pays ont adhéré à l’ITIE. Récemment la Tanzanie et l’Irak viennent de satisfaite à l’examen. Le Cameroun passera bientôt le sien. Le Gabon, lui, vient de se faire recaler.
Le paradoxe, c’est que certains pays qui revendiquent cette transparence et qui financent cette initiative… refusent de se l’appliquer à eux-mêmes. C’est le cas du Canada qui héberge pas moins de 1600 sociétés minières et des places boursières spécialisées dans la cotation de ces compagnies...
Interrogé par le quotidien Le Devoir, Andrew Bauer, analyste économique au Revenue Watch Institute (RWI), ONG américaine qui milite pour la transparence dans le secteur minier, s’étonne : « on peut effectivement dire que l’Irak et la Tanzanie sont plus transparents que le Québec (…) Pour moi, c’est très troublant d’entendre un gouvernement affirmer que les redevances perçues sont confidentielles… » déclare-t-il en faisant référence au refus du Québec de se plier aux exigences de l’ITIE.
On ne cesse de parler de mal-gouvernance en Afrique, mais il est un fait établi que les habitants du Nigeria, de la Guinée équatoriale ou de la Côte d’Ivoire disposent aujourd’hui d’informations sur ce qu’ils encaissent pour leurs ressources naturelles, qui sont refusées aux citoyens Canadiens...
Pour les plus grandes entreprises internationales le problème sera bientôt réglé : l’administration Obama, avec la loi Dodd-Frank, exigeante en matière de transparence, devrait mettre un terme à cette dissymétrie quelque peu choquante.
Reste la multitude de junior minières canadiennes que la loi américaine ne touchera pas, et sur lesquelles cette opacité d’Etat laisse planer une suspicion bien dommageable pour l’ensemble du secteur.
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