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Quel crédit faut-il accorder aux rumeurs de dévaluation imminente du FCFA d’Afrique Centrale ? Analyse.

  • Date de création: 20 juin 2017 13:44

(Agence Ecofin) - Un message posté sur les réseaux sociaux par des responsables de l’opposition camerounaise, a ravivé les débats autour d’une dévaluation du FCFA de la CEMAC. De manière synthétique, l’information fait savoir qu’un rapport du trésor public français transmis au président Emmanuel Macron, recommande une unification des comptes des opérations des zones CEMAC et UEMOA, afin d’éviter une dévaluation de la monnaie utilisée en Afrique Centrale, à une parité qui serait désormais fixée 1300 FCFA pour un Euro. Le sujet s’est invité lundi 19 juin au parlement camerounais, où le ministre Alamine Ousmane Mey en charge des finances est revenu sur la question pour expliquer que ces affirmations n’étaient pas fondées. Mais les assurances du ministre ne semblent pas convaincre tout le monde, surtout au regard des tensions que connait le trésor public camerounais et les difficultés subséquentes à régulariser tous ses engagements mensuels. La grande question est donc de savoir si la CEMAC est proche d’une dévaluation de sa monnaie.

 

Une situation financière effectivement critique

La situation est effectivement assez critique et les inquiétudes sont ravivées en raison d’un manque de communication officielle sur ces différentes questions. La réunion d’urgence de décembre 2016, très peu habituelle en zone CEMAC, avait clairement signalé la nécessité d’agir rapidement, pour inverser la courbe d’une situation présentée comme critique. Dès son premier Comité de Politique Monétaire de 2017, la Banque Centrale de la sous-région (BEAC) a fait savoir que le taux de couverture de la monnaie n’avait été en 2016 que de 54,6% et que ce taux ne dépasserait pas les 65% en 2017. Dans le même temps, elle a sonné la fin des politiques monétaires accommodantes en relevant son principal taux directeur de 50 points de base (0,5%), dans le but de réduire les sorties de liquidités sur le marché monétaire. Quelques semaines après, elle a publié ses comptes de l’exercice 2016, desquels il ressortait une autre série d’informations alarmantes.

La première est la baisse drastique des réserves de changes à 2632 milliards de FCFA (4,4 milliards $) à la fin de l’année 2016, contre 10,1 milliards $ à la fin de l’exercice 2015. Une baisse en deçà des prévisions de plusieurs analystes dont ceux du FMI, qui, en septembre 2016, tablaient sur des réserves de changes équivalentes à 7,1 milliards $. Par ailleurs, on apprend que la sous-région a eu du mal à respecter l’engagement à avoir 50% de ses réserves de change dans le compte des opérations du trésor public de France, instrument de garantie de la convertibilité extérieure du FCFA Afrique centrale, tout comme celui de l’Afrique de l’Ouest et des Comores. La BEAC a dû céder pour 1000 milliards de FCFA de titres d’investissements, pour maintenir les équilibres.

 

Mais le scénario d’une dévaluation paraît exagéré

A ces différents éléments de conjonctures globales, on peut aussi relever un fort endettement de certains pays de la région. C’est le cas notamment du Gabon, dont la dette publique déclarée en 2016, a atteint l’équivalent de 62% du PIB. Les estimations pour le Tchad sont à 51,2% de dette par rapport au PIB et la république du Congo bat le record à près de 83%. Dans ce cas, le recours au marché des capitaux pour ces pays devient difficile. Le Gabon en a eu un aperçu sur le marché de la BEAC, avec un faible taux de souscription, pour un taux d’intérêt élevé sur une de ces récentes opérations.

Toutes ces situations, aussi alarmantes soient-elle, ne justifient cependant pas l’hypothèse d’une dévaluation imminente du FCFA de la zone CEMAC. Selon les accords monétaires qui lient cette sous-région à l’Euro, via la France, la dévaluation intervient de manière certaine, si le taux de couverture de la monnaie par les réserves de change franchit à la baisse la barre des 20%. Tel n’est pas encore le cas aujourd’hui. Même si la BEAC est loin de ses objectifs minimum de réserves permettant de couvrir 3 mois d’importation et 100% de la dette extérieure, on est loin de l’année 2001, lorsque les réserves de changes étaient de seulement 1,1 milliard $.

Par ailleurs, même si les réformes se mettent en place difficilement, les importations de biens et services par les pays de la sous-région ont reculé en 2016. Ce recul est de 10,5% pour le Tchad. Au Gabon, la baisse est de 16%, au Cameroun de 17,5% et en République du Congo de 20%. La Guinée Equatoriale a fait exception, avec des importations estimées en hausse de 38,5% à la fin 2016. Sur les quatre prochaines années jusqu’en 2020, cette baisse devrait se confirmer pour la République du Congo (-20%) et se tasser au Gabon (-7%). Elle affichera un rythme encore plus modérée au Cameroun (-3%) car ce pays connaîtra une année 2018 mouvementée, avec plusieurs élections prévues et l’organisation d’une coupe d’Afrique des Nations l’année d’après.

Au Gabon et au Congo, des situations analogues ont contribué à creuser la consommation de devises. Il est aussi à noter les mesures prises par la BEAC pour limiter l’accès de certains pays aux liquidités, pour raison de faible contrepartie en devises. Enfin, l’option de la dette existe. Même si le Cameroun doit abriter un événement sportif dans deux ans, tout en poursuivant son plan de développement, il peut encore s’appuyer sur un faible niveau d’endettement (30% du PIB) au 31 mai 2017, avec des montants disponibles en devises et non encore décaissés, équivalent à 3701 milliards de FCFA. Enfin trois importants pays de la zone auront des programmes triennaux avec le FMI, et logiquement une dévaluation ne peut intervenir avant le terme de ces initiatives.

 

Rester tout de même vigilant

Un gros risque demeure toutefois, c’est celui de l’incertitude sur les prix du pétrole. La ressource constitue 27% du PIB régional et 90% des revenus de la sous-région. Récemment, les prix ont de nouveau touché un plancher. Les mesures prises par l’OPEP pour réduire la production et faire remonter les prix, n’ont pas porté des fruits espérés. Le cartel a permis au Nigéria et à la Libye, deux de ses membres, de continuer de produire, pour faire face aux vents contraires qui ont frappé leurs économies. Conséquence, les stocks affichent un excédent de production de 292 millions de barils, au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Dans le même temps, il est estimé que les pays non membres de l’OPEP continueront d’augmenter leurs productions, largement au-dessus de la demande. Dans ce contexte, les analystes estiment que les prix qui ont déjà chuté de 20,18% depuis le début de l’année, resteront pour un certain temps, dans la fourchette des 35$ et 30$. Pour la Zone CEMAC, il est plus que jamais temps de faire de bons arbitrages, et des choix économiques efficients. Les conclusions avec le Gabon l’ont démontré : l’appui du FMI risque d’être relativement faible, avec des contraintes importantes.

 

Idriss Linge


 
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