(Agence Ecofin) - La question d'une nouvelle dévaluation du Birr, la monnaie éthiopienne, fait débat dans le pays. La Banque mondiale a récemment jetté un pavé dans la mare, en recommandant au gouvernement d'Addis Ababa de réduire de 10% le taux de change de sa monnaie avec le dollars US.
L'argument fort de l'institution de Bretton Woods, c'est que cette dévaluation est la solution la plus appropriée, pour faire face à la hausse grandissante des volumes d'argent échangés sur le marché parallèle. Elle indique aussi qu'au taux actuel de 23 Birr pour 1$, cela risque d'entraîner une distorsion et des déséquilibres dans la balance de paiements du pays.
Le gouvernement se montre pourtant très réservé quant à l'adoption d'une telle suggestion. Ses responsables reconnaissent que prendre cette décision permettrait effectivement de booster les revenus d'exportation, réduire le déficit commercial pris en monnaie locale, et amortir la pression des taux d'intérêts sur les emprunts locaux.
Mais dans un pays de plus de 80 millions d'habitant et dont les importations représentent une part importante des biens de première nécessité, la crainte est trop grande de voir une nouvelle dévaluation officielle se traduire par une nouvelle flambée des prix sur les marchés.
Selon des experts qui se sont exprimés sur Addis Fortune, un magazine économique hebdomadaire local, une des grandes faiblesses de l'Ethiopie face à une dévaluation de sa monnaie, c'est le fait que le volume des biens qu'elle peut exporter aujourd'hui est assez limité, comparé à ses besoins en devise.
Dans cette situation, la balance commerciale du pays prend une forme strictement déficitaire. Les arbitrages sont donc complexes pour le pays. La surévaluation de la Birr est aujourd'hui admise, et pourtant, la menace d'une hyperinflation fait hésiter à prendre la décision qui, tôt ou tard, s'imposera.
Idriss Linge
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