(Agence Ecofin) - Des données sur le bilan du premier trimestre suggèrent que le gouvernement pourrait solliciter de nouveau son marché local des capitaux au cours de la période, qui représente le dernier trimestre de son année fiscale 2016-2017.
Le gouvernement de Nairobi sur les neuf premiers mois de son année fiscale a déjà débordé les objectifs d'emprunts qu’il s’était fixé sur le marché local. Au total, il y a mobilisé 236,8 milliards de shillings (2,3 milliards $), contre une prévision de 176,6 milliards de shillings dans la loi de finances.
Or, dans le même temps, les objectifs de mobilisation des recettes fiscales n'ont pas été atteints et présentent un manque de collecte de 3,5% sur la période. Des observateurs estiment que, rendus en fin d'exercice, il sera difficile d'apporter une correction à cette situation. Dans ces conditions, le déficit budgétaire risque de se creuser au regard de la hausse des dépenses publiques.
Le Kenya s'était donné une marge de manœuvre en prévoyant une mobilisation des ressources sur le marché international. Mais sur ce segment, seulement 44,5% des 462,3 milliards de shillings (4,5 milliards $) d'emprunts internationaux budgétisés ont été collectés.
Compte tenu de la complexité qu'il y a à aller sur le marché international des capitaux, et malgré le vent favorable qui souffle sur les eurobonds d’Afrique subsaharienne, un consensus, chez les analystes kényans, estime que le gouvernement pourrait reporter ses projets d'emprunt internationaux, à la prochaine année fiscale préférant revenir sur le marché local plus facile à solliciter.
Or, on a pu se rendre compte que la courbe des rendements sur les titres publics, a continué de descendre sur le trimestre qui vient de s'achever, malgré une baisse des volumes échangés sur le marché secondaire. Preuve, selon certains commentaires d’analystes, d’une surabondance des titres publics sur le marché. Seuls les rendements des obligations à long terme (5 ans) ont affiché une légère progression.
Mais ces dernières ne sont pas efficaces pour le cashflow des banques et autres sociétés d’investissement, qui préfèrent des titres à un an et moins, qui immobilisent moins longtemps les capitaux, tout en générant des revenus. En combinant une nouvelle sollicitation du gouvernement et la baisse des rendements sur les titres publics, les revenus de placements (notamment pour les banques et les assurances), qui ont déjà été éprouvés durant l'exercice 2016, risquent à nouveau d'être sous pression.
Pour l’année fiscale 2017-2018, le gouvernement s’est donné comme objectif de réduire son déficit budgétaire, en coupant sur les dépenses d’investissements publics, seul levier sur lequel il peut agir librement. Mais dans sa note d’analyse du 3 avril 2017, l’agence de notation Moody’s estime que l’endettement devrait rester au cœur de la mobilisation des ressources budgétaires. Une situation qui est à suivre par les investisseurs ayant des positions sur les assurances et les banques cotées au Kenya.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.