(Agence Ecofin) - Le câble African Coast to Europe (ACE) va permettre 22 millions de communications simultanées entre l’Europe et l’Afrique et sécuriser l’accès à Internet pour de nombreux pays africains.
Si dans les années 1990, l’activité de pose des câbles en fibre optique était en effervescence, avec notamment huit câbles déployés de 1991 à 2001, elle avait fini par se ralentir au début des années 2000. Résultat sans doute de la spéculation qui n’a pas épargné ce secteur, comme à l’époque tous les secteurs liés aux technologies de l’information et de la communication.
Cette période semble dépassée aujourd’hui si l’on en croit Raynald Leconte, président de FT Marine, une filiale de France Télécom spécialisée dans la pose et la maintenance des câbles sous-marins de télécommunications. « Depuis 2007 », dit-il, « on n’arrête pas de poser des câbles. Mais (…) ces poses répondent à un réel besoin : avec les réseaux sociaux, le trafic internet ne cesse d’enfler. Personne n’imaginait ce niveau d’utilisation ».
C’est dans ce contexte qu’il faut placer le projet de câble sous-marin à fibre optique ACE (African Coast to Europe). Ce câble, qui s’étalera sur 17 000 kilomètres, va relier Penmarc’h, en France, au Cap, en Afrique du Sud, alimentant une vingtaine de pays en communications téléphoniques et Internet. La majorité de ces pays (dix-huit) sont africains, la nouveauté étant que certains d’entre eux (Mauritanie, Gambie, Guinée, Sierra Leone, Libéria, RD Congo, Sao Tomé et Principe et Guinée équatoriale) n’ont, jusqu’ici, jamais eu d’accès direct à un câble sous-marin international.
Le premier protocole d’accord pour le déploiement du câble ACE avait été approuvé à Dakar, le 27 novembre 2008. A cette époque, le projet devait s’arrêter au Gabon. Par la suite (2009), il a été étendu jusqu’en Afrique du Sud par le consortium de 17 opérateurs qui le composent (Bénin Télécoms, Côte d'Ivoire Télécom, France Télécom, Gamtel, Maroc Télécom, Orange Bissau, Orange Cameroun, Orange Guinée, Orange Mali, Orange Niger, Orange Espagne, Portugal Télécom, Sonatel, Togo Télécom, Mauritano-Tunisienne des Télécommunications, Camtel et Compagnie de télécommunications de Sao Tomé).
De l’avis de ses promoteurs, ACE va sécuriser les communications des pays de la côte africaine atlantique, dont certains ne dépendaient que d’une – et une seule − solution pour accéder à Internet. C’est le cas, par exemple, de la Côte d’Ivoire, dont l’accès Internet est uniquement lié au câble SAT-3. Avec les pannes d’Internet qui ont récemment affecté certains pays (Bénin, Togo, Nigéria, Cameroun…), il est facile de comprendre l’urgence qu’il y a à trouver des solutions additionnelles d’accès au réseau mondial. La sécurisation que va apporter le câble ACE bénéficie aussi à l’Europe, car ce projet va donner aux communications européennes la possibilité de contourner la voie égyptienne qui centralise actuellement la plus grande partie des échanges entre l’Europe et l’Asie. Avec le câble ACE, l’Afrique du Sud deviendrait un autre nœud important de ces communications.
Le câble ACE devrait être opérationnel à partir de l’automne 2012 pour un coût des opérations estimé à 587 millions d’euros. Une fois terminé, il pourra acheminer 22 millions de communications simultanées et s’ajoutera aux autres câbles sous-marins de la côte ouest-africaine tels que Atlantis-2, GLO-1, Main One, SAT-2, SEA-ME-WE.3, SAT-3/WASC, WAC. Pour rappel, l’essentiel des communications dans le monde, soit 95%, passent par les câbles sous-marins ; 5% seulement transitent par les satellites.
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