(Agence Ecofin) - Avec une puissance totale de 245 MW, la Tunisie est classée 3ème dans le monde arabe en termes de production d’énergie éolienne, derrière l’Egypte et le Maroc, nous a indiqué Abbes Miladi, chef du projet de centrale éolienne de Bizerte à la Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz (STEG), précisant que 6% du parc de la production électrique de la STEG est garanti grâce à cette énergie verte.
Selon M. Miladi, la Tunisie a mis en place en 2000 la première centrale éolienne de Sidi Daoud, qui a été dotée, au départ, d’une capacité de 10,56 MW (via l’implantation de 32 appareils de type AE 32 d’une puissance unitaire de 330 kW) avant de réaliser deux extensions de 8,72 MW (en 2003) et 34,32 MW (en 2009), pour atteindre une capacité totale de 45 MW. « Aujourd’hui, la centrale de Sidi Daoud assure la production de l’électricité à hauteur de 120 GWh/an », a-t-il précisé.
La centrale de Bizerte a mobilisé un investissement de 305 millions d’euros
Le deuxième parc éolien construit en Tunisie est celui de Bizerte, dont la puissance totale s’élève à 190 MW. Il concerne deux sites, celui de Mételine et celui de Kchabta, avec une puissance de 95 MW chacun. Les installations ont été réparties dans les quatre délégations d’El Alya, de Ras Jebal, de Menzel Bourguiba et d’Utique. « Cette centrale a mobilisé un investissement global à hauteur de 305 millions d’euros (environ 660 millions de dinars), lequel a été financé grâce à un crédit contracté auprès du gouvernement espagnol avec un taux d’intérêt de 1,4%, une durée de remboursement de 30 ans et un délai de grâce de 10 ans », a fait savoir M. Miladi. Et de préciser que ce projet représente une production annuelle d’énergie à hauteur de 600 GWh, soit l’équivalent de la consommation moyenne annuelle d’électricité pour 250 000 foyers. « Partant, le projet de l’éolienne de Mételine- Kchabta a permis à la STEG d’économiser, annuellement, environ 150 000 TEP de combustibles, soit l’équivalent de plus de 100 millions de dinars (par an). » Faut-il bien noter, a ajouté le responsable, que ce gain en combustibles se traduit aussi bien par des économies d’exploitation que par une réduction des émissions de 300 000 tonnes de CO2, qui génère des revenus complémentaires, étant donné que l’opérateur électrique tunisien a enregistré le projet au Mécanisme de développement propre.
Les travaux de réalisation de la centrale de Bizerte ont été confiés à la société espagnole Gamesa, avec un taux d’intégration (intervention locale) à hauteur de 41%, notamment au niveau des études, des travaux de génie civil, de fabrication de tours, d’exploitation, de maintenance et de montage électrique et mécanique. D’après Abbes Miladi, la société Gamesa « est intervenue essentiellement pour la réalisation des études de conception et l’approvisionnement en fournitures nécessaires ».
La réalisation du projet s’est poursuivie durant la période 2009-2014
La réalisation de ce projet, dotée de 143 machines éoliennes, s’est faite en deux étapes. La première, qui s’est étalée durant la période 2009-2012, a consisté en la mise en place de 91 machines de type AE 61, d’une puissance unitaire de 1320 kW, pour une capacité globale de 120 MW. Quant à la deuxième étape (2012-2014), elle a concerné l’installation de 52 machines (AE 61) d’une capacité globale de 70 MW. Toujours selon Abbes Miladi, la mise en place des éoliennes s’est accompagnée de grands travaux, à savoir l’installation des machines, la réalisation de deux postes de transformation (haute tension de 90 kV et moyenne tension de 33 kV), la mise en place de deux lignes Mételine-Menzel Jemil et Kchabta-Mateur. Les travaux ont concerné également l’installation d’une entrée-sortie de la ligne Menzel Jemil-Menzel Bourguiba, sur le poste de Kchabta, et la construction de deux bâtiments d’exploitation pour la centrale à distance des aérogénérateurs. « Bien que les 143 machines soient déjà fonctionnelles depuis des mois, nous sommes en train d’installer, actuellement, un système de vidéosurveillance et d’anti-intrusion afin d’éviter les actes de pillage et de destruction, tels que ceux enregistrés en 2011. » Faut-il rappeler que les habitants des régions limitrophes avaient procédé à la destruction des équipements suite aux évènements de la révolution tunisienne. De gros dégâts avaient été enregistrés au cours de cette période marquée par une grande insécurité, dont notamment la destruction de cinq machines d’une valeur de plusieurs millions de dinars.
De nouveaux projets en vue
Toujours dans le cadre de la Stratégie tunisienne de développement des énergies renouvelables, la STEG continue à collaborer avec toutes les parties concernées par le secteur énergétique, notamment l’Agence tunisienne pour la maîtrise de l’énergie (ANME), afin de mener des études et des travaux de prospection pour identifier de nouveaux sites propices à l’installation de centrales éoliennes. « Ces études nous permettent de s’assurer du potentiel éolien (vitesse et direction du vent), mais aussi du potentiel du site lui-même, c’est-à-dire la proximité du réseau électrique, l’accessibilité du site (infrastructure), l’isolement relatif, en ce qui concerne l’aspect environnemental », a expliqué M. Miladi, ajoutant que les travaux de prospection ont permis, jusque-là, d’identifier quelques sites intéressants dans le sud tunisien, et précisément dans les gouvernorats de Kébili, Médenine et Gabès. Selon lui, l’ensemble de ces études servira à accélérer les procédures de réalisation de nouvelles centrales éoliennes dans ces régions, une fois la décision prise par les autorités tunisiennes.
Par Semia Abdelkefi pour le magazine ENERGIES AFRICAINES No2