(Agence Ecofin) - L'opérateur de télécommunication sud-africain MTN Group, a démenti avoir sorti illégalement du Nigéria, via sa filiale locale et avec la complicité de certaines grandes banques internationales et africaines, l’équivalent de 13,92 milliards $. Ces accusations sont « complètement fausses et sans aucun fondement », a fait savoir dans un communiqué, Ferdi Moolman, le directeur général du groupe de télécommunication, sans plus de précisions.
Le 27 septembre 2016, Le Sénateur nigérian Dino Melaye, à l'origine des allégations, a affirmé sur son compte twitter, que dix années durant, depuis 2006, MTN Nigeria a fait sortir près de 14 milliards $ avec l'aide de Citigroup, Standard Chartered Bank ainsi que Stanbic ITBC, la filiale du groupe sud-africain Standard Bank ou encore le Nigéria Diamond Bank. Une accusation qui a donné lieu à l'ouverture d'une enquête au niveau du Sénat
Cette nouvelle accusation survient, alors que MTN Group n'a pas encore fini de régler une amende infligée par le régulateur, qui a été réduite à 1 milliard $ après des mois de négociations et l'engagement d'introduire une partie du capital de sa filiale nigériane sur le marché financier de Lagos. La compagnie avait été accusée d'avoir manqué à son obligation d'identifier plus de 5 millions de ses abonnés.
L'accusation n'est pas nouvelle pour le groupe de télécommunication leader en Afrique. En 2015, l'organisation internationale Finance Uncovered, qui regroupe des journalistes d'investigation dans le monde, a relevé que MTN avait fait sortir des milliards de rands en monnaie locale, vers des comptes offshore dans l'île Maurice, soit directement, soit via des comptes à Dubaï. Les pays africains cités étaient alors le Ghana, la Côte d'Ivoire, l'Ouganda et aussi le Nigéria.
Ces sommes représentaient, selon les investigations, des frais de gestion reversés à la maison mère de MTN en Afrique du sud, par ses différentes filiales africaines. Le problème c'est que l'argent est plutôt fréquemment arrivée dans des comptes offshores à l'île Maurice. MTN a fermement démenti de mal agir, indiquant que le fait d'avoir des comptes bancaires à Maurice ne les exemptait pas de payer des impôts.
Au niveau du réseau des administrations fiscales africaines qui développent avec l'OCDE un projet de lutte contre l'évasion fiscale via la réduction de la base imposable, la question des frais de gestion et des royalties est très complexe et difficile à suivre dans les pays africains, du fait d'une réglementation fragile et de l'opacité qui les entoure.
Chez MTN, on a toujours indiqué, que rien n’oblige la groupe à dévoiler les montants perçus au titre de ces frais de gestion.
Idriss Linge
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