(Agence Ecofin) - Eskom, l'entreprise publique sud-africaine en charge de la production et la distribution d'énergie électrique, continue de faire l'objet de débat au sein de la classe politique et des affaires en Afrique du Sud. Aujourd'hui, on parle moins de ses difficultés, et davantage des solutions possibles à la crise qu'elle traverse.
La dernière intervention en date est celle du ministre des finances Nhlanha Nene, qui dans des réponses envoyées par e-mail au média sud-africain Engeenering News, a évoqué la possibilité d'ouvrir le capital de l'entreprise à des investisseurs privés. « Parmi les options, il y a la possibilité de scinder les actifs d'Eskom et de céder une partie à des investisseurs privés », a fait savoir M. Nene
Au yeux du ministre sud-africain, la solution d'une intervention du secteur privé dans le capital d'Eskom, pourrait lui permettre d'acquérir les pratiques professionnelles qui contribueront à renforcer ses performances techniques et, partant, celles du système énergétique. « En plus de cela, cela permettra à l'entreprise de mobiliser les ressources financières dont elle a besoin pour assainir ses comptes », a ajouté Nhlanha Nene.
Cette position gouvernementale tranche légèrement, avec celle du parti au pouvoir en Afrique du sud, l'ANC. Il y a quelques semaines, Gwende Mantasha le secrétaire général de ce parti, a repris a son compte une suggestion de Lloyd Blankfein, le directeur général de Goldman Sachs, qui proposait une introduction en bourse partielle des actifs d'Eskom, avec le gouvernement conservant une part majoritaire, comme dans le modèle chinois.
Ces différentes annonces ne manquent pas de susciter la réaction de gestionnaires d'actifs. Pour Peter Worthington, économiste principal chez Absa Capital, le ministre des finances a juste fait une annonce, et il n'y a pas lieu de spéculer dessus pour l'instant, car aucune autre indication n'a été donnée. Pour Peter Attar Montalto de la firme Nomura, une introduction en bourse ne peut pas marcher car il faut bien évaluer les actifs d'Eskom et personne, selon lui, ne pourra faire des placements dans un projet dont les perspectives de dividendes sont nulles.
Des experts estiment que le gouvernement sud-africain ne manque pas d'alternatives. Il peut augmenter le prix de l'électricité, ce qui est la pire des solutions, ou alors injecter les fonds publics, ce qui revient toujours à faire payer les contribuables. Certaines autres issues, notamment celles de donner la possibilités à des privés de produire leurs propres énergies et de réinjecter le surplus sur le réseau national sont déjà explorées. Une solution qui n'est pas loin d'une récente approche prescrite par la Banque mondiale, mais qui souffre elle aussi de ses limites et de ses défis.
Rappelons que la situation d'Eskom a récemment été présentée par son nouveau directeur général. Ses infrastructures étant en état de vétusté, l'entreprise doit procéder à des réparations pour éviter une dépréciation totale et accroitre les performances. Mais pour cela il faut arrêter les unités de production, ce qui entraine des délestages insupportables par l'économie. L'autre solution est de construire des unités de productions de compensation, mais l'entreprise fait face à des défis financiers.
Idriss Linge