(Agence Ecofin) - La Banque africaine de développement (BAD) va participer activement au processus d’industrialisation de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe).
S'exprimant lors du 37ème sommet de l’organisation samedi, le président de la BAD, Akinwumi Adesina (photo), a déclaré qu'il fallait faire avancer les choses. Le responsable mise en priorité sur le secteur de l’énergie, auquel est réservé un portefeuille de 12 milliards $ pour les cinq prochaines années. Selon les données, les investissements dans le secteur de l'électricité représentaient 35% de l'ensemble du financement de la Banque dans la région de l'Afrique australe.
« L'Afrique ne peut pas se développer dans le noir. Alors que le redressement des prix des produits de base est sur la bonne dynamique et que des réformes macroéconomiques profondes sont de plus en plus indispensables, nous devons relever les défis structurels fondamentaux qui continuent d'entraver la croissance dans la SADC et l'Afrique dans son ensemble », a-t-il déclaré.
La région de la SADC fait face à des défis importants. La croissance du PIB réel de l’ensemble des pays membres est passée de 4,3% en 2010 à 1,8% en 2016. Selon les prévisions, on s'attend à ce qu'elle se redresse à 2,6% cette année. La dette extérieure de la SADC a presque doublé. Le ratio d'endettement (dette extérieure/PIB) est passé de 18,7% en 2012 à 34,7% en 2016.
Outre le secteur énergétique, l’institution place ses espoirs dans l’agriculture. Selon les estimations de la banque panafricaine, la SADC se développerait beaucoup plus vite avec des investissements plus importants dans le secteur agricole. « L'agriculture était le plus grand atout de l'Afrique, mais il est resté largement inexploité », a déclaré Adesina.
Les chiffres montrent que la taille du marché agro-alimentaire sur le continent devrait passer de 330 milliards de dollars à 1 billion de dollars d'ici 2030. Pour le dirigeant, il faut coûte que coûte transformer la conception actuelle que les Africains ont de l’agriculture. « L'agriculture doit être considérée comme une entreprise de création de richesse. L'Afrique doit se nourrir, au lieu de dépenser 35 milliards de dollars par an en importations de denrées alimentaires. C'est pourquoi la Banque africaine de développement fournit 24 milliards de dollars pour soutenir l'agriculture au cours des 10 prochaines années ».
Selon le dirigeant, l'Afrique a plus de 334 milliards de dollars en fonds de pension, 164 milliards de dollars en fonds souverains. On estime que la taille des fonds de pension en Afrique atteindra 1 billion de dollars d'ici 2030. Il s’agit d’une manne qui, utilisée à bon escient, pourrait financer une grande partie des besoins du continent. Adesina porte ainsi un message fort qui appelle au développement endogène. « Les ressources pour accélérer le développement de l'Afrique sont immenses, mais je crois fermement que l'Afrique se développera plus rapidement et avec fierté si elle mobilise les ressources intérieures. Il faut que l'Afrique concentre ces investissements institutionnels dans des infrastructures dont on a besoin », a-t-il expliqué.
Fiacre E. Kakpo
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