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Flux migratoires: l’Europe devrait surtout se pencher sur les flux financiers qui vident l’Afrique

Pas une semaine ne passe désormais, sans que, dans les médias, on n’apprenne qu’un navire de passeurs clandestins a chaviré avec à son bord de centaines de candidats à l’immigration clandestines. L’actualité est surtout traitée sous un angle purement politique. Les questions qu’on se pose très fréquemment tournent autour de la manière de réagir face au phénomène et de la position de l’Europe face à cette nouvelle situation. L’équation risque pourtant d’être plus complexe. Ils sont des centaines de milliers de candidats de différentes nationalités, dont plusieurs pays d’Afrique subsaharienne à vouloir fuir une région « sans espoirs » pour eux.

Alors qu’il intervenait le 31 août à Calais, le premier ministre français Manuel  Vals a contourné le problème. « Dans la crise des flux migratoires, il faut distinguer ceux qui sont candidat à l’asile politique de ceux candidat à l’immigration économique », a-t-il fait savoir en substance. Or justement, les candidats à l’immigration pour des raisons économiques, c’est le cœur du problème de ces flux migratoires.

Les statistiques de la Banque mondiale sur la pauvreté indiquent qu'alors même que la région africaine a connu une forte croissance sur ces deux dernières décennies, l’Afrique subsaharienne, qui compte des pays comme le Nigéria (première puissance économique régionale), l’Angola (troisième puissance économique régionale), le Cameroun, le Congo, la RD Congo , la Zambie, le Mali et autres, qui sont soit des économies minières, soit des producteurs de pétrole, a vu doubler le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.

De 211 millions en 1981, ils ont atteint 415 millions en 2011. Les choses ne semblent pas s’être améliorées. Selon les récents indicateurs mondiaux de développement, l’Afrique subsaharienne est encore la région où les revenus effectifs moyens ne dépassent pas les 1050 dollars US par an. Dans la plus part de ces pays, les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) n’ont été que faiblement ou pas du tout atteints. Pourtant, pour un grand nombre de ces pays, la croissance du produit intérieur brut a été au rendez-vous, notamment après les annulations de dettes et avec la hausse des prix des matières premières.

Cette disparité entre croissance économique et développement des pays de la sous-région a été relevée dans le cadre du rapport 2014 de la Conférence des Nations Unis pour  le Commerce et le Développement (CNUCED). Certains analystes africains et même occidentaux, ont tôt fait d’accuser les systèmes politiques de ces pays, où des chefs d’États restent très longtemps au pouvoir et verrouillent l’appareil politique. Le président Obama, en visite en Afrique, n’a pas manqué d’inviter les Africains à s’offrir de nouveaux dirigeants. Mais pour Dieudonné Essomba, un ingénieur statisticien camerounais, le problème n’est pas là. « Même si on prend Dieu et les anges on les place aux commandes de l’appareil dirigeant des pays africains, tant qu’il n’y a pas de transformation structurelle de nos économies, ce qui passe par des investissement orientés vers le renforcement des base de production, l’économie africaine restera dominée par la rente et la croissance économique sera certes au rendez-vous , mais pas pour les peuples africains ». Les récents travaux sur les flux financiers illicites et les autres évasions fiscales ont alimenté les débats (durant un certain temps) au sein des médias africains. Là encore les vraies questions restent non posées et la vérité des chiffres est inquiétante.

Dans son rapport sur les OMD, l’Organisation des nations Unies estimait à 520 milliards $ les besoins de la région pour se conformer au programme. Mais le gap de ressources mobilisable en interne est important et l’assistance internationale insignifiante. A côté de cela, un collectif d’organisations de la société civile internationale a clairement démontré que l’Afrique, malgré ses points de croissance perdait de l’argent, et pas seulement de manière illicite, mais aussi du fait des investissements de ses partenaires privés étrangers. Dans ce contexte, la responsabilité des multinationales opérant en Afrique subsaharienne est mise à l’épreuve. Selon les données  d’un récent  rapport ayant le titre « Honest Account », ces groupes  auraient rapatrié chaque année, sur la décennie précédant 2013, une moyenne de 46,3 milliards de bénéfices, tout en laissant un passif environnemental (à la charge des Africains) de 10,6 milliards pour l’adaptation aux changements climatiques et de 26 milliards pour la réduction des émissions de carbone. A côté de cela, il faut évidemment ajouter les évitements fiscaux officiels, dont une estimation globale est difficile à réaliser. D’un autre côté, de nombreux pays africains, manquant de ressources pour créer des emplois et autres services, rivalisent de facilités pour attirer des investisseurs étrangers, leur offrant des réductions d’impôts parfois inutiles, car leurs lois fiscales insuffisamment pourvues sont favorables à de nombreuses réductions de bases imposables.

 

Une meilleure responsabilisation des investisseurs est nécessaire

Une réponse rapide consiste à dire que les multinationales étrangères sont les responsables de cette situation de blocage. Mais ces entreprises, très souvent, agissent pour le compte des bénéficiaires invisibles, à savoir les fonds d’investissements (boursiers ou directs). C’est le véritable trou noir des flux financiers sortant de l’Afrique, licites ou illicites. Il faut dire que lorsqu’on parle des fonds d’investissement, on parle de l’Occidental moyen qui, à travers ses retraites et toute autre forme d'épargne, confie ses actifs à des investisseurs et ne se pose plus de questions.

Les investissements sont tenus de générer le maximum de rendement. Une des conséquences en est aujourd'hui la pérennisation d’un système de rente défavorable à une croissance inclusive dans les pays d'Afrique subsaharienne. Incapables de s’en sortir dans de telles conditions, on peut présumer que la masse de misérables qui viennent s’échouer aux portes de l’Europe devrait continuer de progresser dans les années à venir si rien n’est fait.

 

Idriss Linge

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