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16 années d’histoire de la RDC, vue par Jean Claude Masangu Mulongo, ex-gouverneur Banque centrale

Afrique Challenge Editions  vient de diffuser, en 2015, un ouvrage intitulé « Parole de Gouverneur » dont l’auteur est Jean Claude Masangu Mulongo. Cet ouvrage, qui comprend quatre tomes totalisant quelque 950 pages, est écrit en français et est appelé, à bref délai, à être traduit dans d’autres langues dont, notamment, l’anglais. Il faut rappeler que l’auteur n’en est pas à sa première tentative. Déjà, en 2012, il avait publié « Pourquoi je crois en l’Afrique : Credo d’un banquier africain », ouvrage qui a connu un vif succès et qui a été traduit en anglais afin de le rendre accessible à un plus grand nombre à travers le monde.

L’auteur de l’ouvrage, Jean Claude MASANGU MULONGO, est diplômé de l’Ecole internationale de Genève, du Worcester Polytechnic Institute (Massachusetts, USA) et de la Louisiana State University. Après avoir exercé le métier d’ingénieur au sein d’une compagnie américaine, il a rejoint la Citibank où sa carrière fut couronnée par sa nomination en tant que directeur général de Citibank Zaïre. En mai 1997 il fut choisi par Laurent Désiré Kabila pour diriger la Banque centrale de la République Démocratique du Congo. Confirmé à ce même poste par Joseph Kabila en 2002, il devait y poursuivre ses activités jusqu’en 2013.

Durant toute cette période, soit seize années, J.C. MASANGU MULONGO a veillé constamment à informer les environnements nationaux et internationaux de l’organisme dont il avait la charge des fondements de ses actions, de leurs succès et de leurs difficultés mais également de leurs résultats et ce, au moyen de conférences, interviews et autres adresses.

L’ouvrage en question s’attache, à travers ces moyens de communication, à faire part du long parcours effectué par le Gouverneur de l’Institut d’Emission de la RDC sur la voie du redressement économique et financier de son pays.

L’auteur, plutôt que de présenter son action à travers une longue succession de discours prononcés à des occasions diverses et traitant de sujets relevant de l’économique et/ou du financier, a choisi la démarche originale qui consiste à recenser les principaux thèmes traités dans ces discours et à les classer par catégories homogènes qui viennent constituer autant de recueils autonomes.

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Le tome I traite du long chemin parcouru par la Banque Centrale du Congo sur la voie de l’assainissement, du redressement et de l’efficience. Après un rappel historique, il dresse un constat des lieux sans concession de la situation de la Banque au moment de sa prise de fonction. Il évoque ensuite les premières réformes entreprises sur la voie de l’assainissement pour, ensuite, s’appesantir sur la réforme de la Banque Centrale, son indépendance vis-à-vis de l’exécutif obtenue de haute lutte et, enfin, le plan de sa modernisation. Dans ce premier tom, il ressort plusieurs idées saillantes. Contrairement à une idée répandue, la colonisation belge a légué une économie productive et dynamique en 1960. D’ailleurs à cette période, le niveau de revenu par habitant est supérieur à celui du Canada. Mais depuis le début des années 60, le pays est plongé dans un cycle de crises et de dysfonctionnements ininterrompus. C’est dans cet environnement que la Banque Centrale du Congo a baigné. Une excellente connaissance de l’écosystème économique et financier et amènera le gouverneur MASANGU, quelques mois après sa prise de fonction, à faire un état des lieux sans concession dans lequel il affirmera : « La Banque est très malade, malade de ses hommes, malade de leur moralité, malade de leur état d’esprit ». Cette situation l’amènera dans un premier temps à prendre des mesures pragmatiques avant dans une seconde étape de mettre sur pied une planification stratégique prélude à une réforme profonde de la Banque. L’adoption de la loi n°005/2002 du 07 mai 2002 a marqué un point d’inflexion décisif en ce qu’elle assignait des missions précises à la Banque Centrale, en lui garantissant notamment une politique monétaire efficiente,  mais en consacrant son indépendance juridique vis-à-vis de l’exécutif.  Après la réorganisation de la Banque Centrale et la certification des comptes par des institutions impartiales et reconnues, il ne restait plus que l’amélioration de la structure financière pour parachever le plan de redressement initié par la Banque Centrale du CONGO. Sans tomber dans le piège de l’exhaustivité, ce plan a permis d’engranger des résultats appréciables avec notamment une modernisation accrue des ressources humaines, un accent mis sur la formation, l’informatisation et le financement du plan de modernisation.

Le tome II traite de la réforme monétaire qui constitue l’épine dorsale de la mission de l’Institut d’Emission et de son gouverneur. Il rappelle ses préalables fondamentaux et structurels et dresse son bilan. Pour bien comprendre l’enjeu de la réforme monétaire initiée et mise en œuvre par Jean Claude MASANGU MULONGO, il faut se souvenir que l’économie du Congo Démocratique relevait d’une catégorie de pays désarticulé se caractérisant par une hyperinflation, un état de guerre et de corruption généralisé, une chute drastique de la corruption, un déficit budgétaire et un endettement en constante augmentation. Dans cette situation, le gouvernement n’avait d’autre alternative que de faire tourner la « planche à billets ». Plusieurs plans de stabilisation visant à « réanimer » la monnaie nationale furent mis sur pied. Tous se soldèrent par un échec. Nommé en Août 1997 à la tête de la Banque Centrale du CONGO, Jean Claude MASANGU MULONGO sera l’artisan de la Réforme monétaire voulue par le Président Laurent Désiré Kabila, visant à doter le pays d’une monnaie forte et stable. Le gouverneur MASANGU initia cet énorme chantier de la réforme monétaire qu’il définira ainsi : « la Réforme monétaire, loin d’être un simple changement de billets de banque, constitue avant tout le volet monétaire d’un ensemble d’ajustement économique et financier visant le rétablissement des équilibres fondamentaux rompus ». Réussir cette réforme commandait trois préalables : la non utilisation de la politique monétaire comme moyen pour relancer la croissance économique ou lutter contre le chômage, le maintien de l’équilibre budgétaire et la sauvegarde de l’indépendance de la Banque vis-à-vis de l’Etat. Le changement d’appellation du pays et de celle de l’Institut d’émission conduisit naturellement au changement des signes monétaires. Mais la réforme en profondeur de la politique monétaire consista par la suite en la réunification de l’espace monétaire, le rétablissement d’un système de paiement normal à travers notamment la convergence des taux de change, le rétablissement de la parité Monnaie scripturale-Monnaie fiduciaire, la restructuration du secteur bancaire et le lancement du franc Congolais qui connut un franc succès. L’accès au point d’achèvement de l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) illustre à l’envi le succès des politiques monétaires et économiques engagées par les autorités congolaises pendant la période 1997-2011.

Le tome III est consacré aux efforts consentis pour  renouer le dialogue avec les Institutions de Breton Woods et relancer avec elles une coopération toute tournée vers la restauration des fondamentaux économiques du pays. La situation catastrophique de la période 1990-2000 marquée par de profonds déséquilibres et dysfonctionnements ont non seulement fragilisé le système financier, mais entamé la confiance des bailleurs de fonds qui gelèrent leurs concours financiers. Toutefois, après les changements de régime intervenus à la tête de l’Etat, les nouvelles autorités ne cachèrent pas leur intention de renouer avec les institutions de Breton Woods. Un consensus s’établit entre les autorités et les institutions de Breton Woods piloté par un acteur incontournable, la Banque Centrale du Congo qui fut à la fois le Co-initiateur, le maître d’œuvre et le garant de la mise en œuvre de toutes les réformes économiques et financières structurelles. Plusieurs programmes sont initiés et  illustrent la reprise progressive de la coopération de la RDC avec les institutions de Breton Woods. Parmi ces programmes, on notera principalement deux : le Programme Intérimaire Renforcé (PIR) allant de juin 2001 à mars 2002, et qui faisait office de programme test pour contenir l’hyperinflation et remettre le Congo sur le chemin de l’orthodoxie ; le Programme Economique du Gouvernement (PEG) couvrant quant à lui la période d’avril 2002 à juin 2005, et qui avait trois volets principaux la stabilisation macroéconomique et l’endiguement de l’hyperinflation, la consolidation du cadre macroéconomique, et la relance de la croissance économique. Les résultats ne tardèrent pas et les premières revues du programme furent jugées satisfaisantes, ce qui valut à la République Démocratique du Congo l’accession au point de décision de l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE). Toutefois, les revues qui suivirent ne furent pas couronnées de succès du fait d’une forte instabilité socio politique et de la reprise des conflits armés. Ce n’est qu’à compter de 2009, que la coopération allait reprendre à travers l’adoption d’un Programme dénommé PEGII. En réalité ce sont les objectifs assignés à ce programme, au nombre de 07, qui ont été les véritables « déclencheurs du point d’achèvement ». Naturellement la coopération économique internationale, ne se limite pas à la reprise des relations avec les Institutions de Breton Woods, mais inclut la coopération bilatérale même si celle-ci était en partie conditionnée par la qualité de la coopération avec lesdites institutions. Sur le plan régional et sous régional la Banque Centrale a pu bénéficier de tribunes pour faire entendre sa voix à côté d’autres pays démunis. Quelques exemples méritent d’être partagés pour démontrer la vitalité de cette coopération : l’adhésion à la Communauté de Développement des pays de l’Afrique Australe, l’Association des Banques Centrales d’Afrique (ABCA), le Comité des Superviseurs de Banques de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (CSBAOC), le traité relatif à l’Harmonisation du droit des Affaires en Afrique (OHADA) , l’Association Africaine du Crédit Rural et Agricole (AFRACA), le groupe des 24.

Le tome IV donne une vue générale de l’évolution de l’économie de la RDC de 1997 à 2012 et dresse le bilan des réalisations obtenues au terme de cette longue période, chiffres à l’appui. En cela, il constitue un legs appréciable pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire économique récente de la RDC. L’état de la situation économique en 1997 peut être résumé en quelques points principaux : l’instabilité socioéconomique, des déficits budgétaires chroniques, un espace monétaire éclaté, une hyperinflation exponentielle, des activités économiques en net recul, un système bancaire désarticulé, des infrastructures en état de délabrement avancé.

Pourtant force est de reconnaitre qu’au terme de 15 ans de réformes, un certain nombre de résultats probants ont pu être atteints : l’unification de l’espace monétaire et l’introduction  du franc congolais, la libéralisation de l’économie, la reprise et la poursuite de la coopération avec les Institutions financières, la réduction de l’inflation à un chiffre, la reprise de la croissance économique, l’allégement de la dette extérieure de 124 à 25% du PIB, l’assainissement et la modernisation du système bancaire, la rénovation du cadre légal et réglementaire régissant les établissements de crédit et la reconnaissance de l’indépendance de la Banque Centrale du CONGO. Bien entendu ces résultats n’ont pu être obtenus que graduellement. On peut retenir 4 étapes principales. La première étape va de 1997 à 2001 et correspond à une lente et progressive amélioration de la situation économique et financière en dépit de l’instabilité socio politique et de la continuation de la guerre avec son corollaire d’effets dévastateurs. La seconde étape qui s’étale de 2002 à 2007 marque la reprise de la croissance et la relative stabilité du cadre macro-économique, mais grâce aux mesures de sauvegarde prises par la Banque Centrale, des progrès sensibles ont pu être relevés se traduisant par une amélioration de la croissance, un recul de l’inflation, une remarquable stabilité monétaire et un solde excédentaire du budget public. La troisième étape, qui couvre quant à elle les années 2008 et 2009 se caractérise par la reprise de l’inflation passant de 20% en moyenne les deux premiers trimestres à plus de 50% au dernier trimestre. En effet, la reprise de la guerre dans l’est du Congo et les contrecoups de la crise économique ont durement affecté la République Démocratique du Congo. Enfin la quatrième étape 2010- 2012, signe le retour des performances aussi bien au niveau national qu’international. Au niveau national, la croissance est repartie avec un taux de plus de 7% ; l’inflation a été maitrisée ne dépassant plus 10%  alors qu’elle culminait à plus de 50% en 2009, le franc congolais a retrouvé la stabilité et les écarts de change entre les différents marchés ne dépassait pas 1,5%, le niveau annuel d’injonction de nouvelles liquidités a été maitrisé, et l’exécution du Plan de Trésorerie de l’Etat a permis de dégager des excédents budgétaires.

Chercheurs, universitaires, professeurs, décideurs politiques et dirigeants d’entreprises y trouveront une source inestimable d’informations de première main, et les grilles de lecture pour mieux comprendre les dynamiques sociopolitiques et économiques récentes de la République Démocratique du Congo et alimenter utilement le débat sur son émergence économique .

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